Patrimoine

Egypte : aurait-on découvert le plus vieux cimetière pour chiens et chats du monde ?

Un squelette de chat

© Marta Osypińska

Par Johan Rennotte

C’est dans le port antique de Bérénice, sur les bords de la Mer rouge, que la découverte a été faite. Près de 600 tombes de chats et de chiens ont été retrouvées avec leurs occupants à quatre pattes. Les archéologues pensent se trouver là devant l’un des plus anciens cimetières pour animaux de compagnie connus.

Et si, déjà dans l’Egypte antique, les chiens et les chats faisaient pleinement partie du foyer familial, comme aujourd’hui ? C’est ce que tend en tout cas à démontrer cette impressionnante découverte, faite dans le sud-est de l’Egypte. On savait déjà que les chats étaient sacrés pour le peuple égyptien, on découvre aujourd’hui qu’ils n’étaient probablement les seuls à être choyés par les êtres humains.

Le site de Bérénice (ou Berenike) date de la période gréco-romaine. C’était un port important, au croisement des routes vers l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Voilà dix ans déjà que les archéologues ont découvert le site du cimetière, sans en comprendre la fonction. Ce n’est qu’en creusant que les équipes ont dégagé des centaines de squelettes d’animaux enterrés là par leurs propriétaires.

Les restes d'un chien au fond de sa tombe
Les restes d'un chien au fond de sa tombe © Marta Osypińska
Un crâne de chat, avec des traces de perles d'un collier

L’archéo-zoologue Marta Osypińska, de l’Académie polonaise des Sciences, et ses équipes, ont d’abord trouvé une centaine de squelettes en 2017, presque tous des chats. Mais les indices prouvant qu’il s’agissait bien d’un cimetière, et non d’une fosse commune pour félins, étaient encore très maigres, d’autant plus que les restes d’une décharge antique ont été trouvés à proximité. La thèse du cimetière pour animaux a longtemps été mise en doute.

Nous avons essayé de falsifier une telle vision qui pouvait paraître trop "contemporaine". Nous cherchions d'autres arguments pour expliquer notre enquête : des animaux morts et abandonnés par accident, victimes d'un culte inconnu, victimes de diseuses de bonne aventure...

Nous signale l'archéologue. 

Devant les doutes, les fouilles se sont donc poursuivies, et 585 animaux ont été exhumés. La plupart sont des chats, il y a une cinquantaine de chiens, ainsi que quelques singes. Les restes ont été analysés par des vétérinaires afin de déterminer les causes de la mort, l’état de santé, etc. Il est apparu que ces compagnons antiques étaient plutôt bien traités, même si beaucoup de chats sont morts d’accidents ou de maladies. Les chiens trouvés sont eux, plutôt morts de vieillesse. Il n’est pas impossible qu’en plus d’avoir été de fidèles compagnons, ils aient eu une utilité plus pratique, comme chasser les rats qui pullulaient dans le port.

Un chat encore muni de son collier de bronze
Un chat encore muni de son collier de bronze © Marta Osypińska
Des perles trouvées dans les sépultures

C’est surtout la présence de certains objets qui atteste que ces animaux n’étaient pas des chiens ou des chats errants ou des sacrifices. Beaucoup de squelettes de chats sont encore munis de colliers en métal et en perles, certains animaux ont été placés dans des poteries en guise de sarcophage, d’autres délicatement déposés au fond de la sépulture.

Des attentions particulières qui démontrent bien que ces animaux comptaient pour leurs propriétaires, déjà à cette lointaine époque. Dans son article paru dans la revue World Archeology, la Dr Osypińska précise qu’aucune preuve de rituel religieux ou de but sacré n’a été identifiée dans ces inhumations, contrairement aux momifications d’animaux qui étaient courantes en Egypte ancienne. Aucun de ceux mis au jour n’est d’ailleurs momifié.

Le cimetière pour animaux de compagnie de Bérénice est unique. Nous n'en connaissons aucun autre de ce type dans le monde antique, mais c'est peut-être une question de temps et de recherches supplémentaires.

Déclare encore l'archéo-zoologue.

La découverte est donc importante pour comprendre les mentalités des habitantes et habitants de cette ville antique, et leur relation à la nature et à la domestication. Les archéologues en sont persuadés, à Bérénice, on aimait déjà les chiens et les chats comme nous le faisons aujourd’hui.

 

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