Mondiaux de cyclisme

Eekhoff déchu, le cyclisme dans une nouvelle ère

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Par Bruwier Laurent

La nuit commence à tomber sur Victoria Avenue. Les néons des lampadaires publics éclairent d’un ton orangé le site d’arrivée. Au pied de la tribune commentateurs, sous un arbre, entouré de vigiles de la sécurité, le jury des commissaires UCI attend patiemment. Quelques équipes de télévision se heurtent à un NO COMMENT. Les voitures officielles arrivent. Les membres du jury se précipitent à l’intérieur. Il est presque 20 heures en ce 27 septembre. Le cyclisme mondial est peut-être entré dans une nouvelle ère.

Trois quarts d’heure plus tôt, Nils Eekhoff a franchi la ligne d’arrivée les bras levés vers le ciel. Le Néerlandais vit un rêve éveillé. Il est champion du monde espoir. Joie, liesse et embrassades, interview en direct dans 150 pays, tout y est. Il ne reste plus que le moment suprême. La cérémonie protocolaire et la remise du maillot. Mais au fil des minutes, le doute s’installe. Les mines changent. L’attente est étrangement longue. Le jury se retire. Thomas Pidcock qui a terminé quatrième est rappelé. Nils Eekhoff comprend avant de fondre en larme. Il ne sera pas le champion du monde.

La lettre et l’esprit

En cause, des données GPS et des images qui n’ont pas été diffusées dans le direct qui laissent penser, qu’après sa chute, l’ancien vainqueur de Paris-Roubaix espoir n’est pas revenu de façon régulière dans le peloton. Les faits se sont produits à 124 kilomètres de l’arrivée. Le jury des commissaires a donc appliqué, à la lettre, son règlement. Peut-on reprocher aux "arbitres du cyclisme" d’avoir pris une décision en connaissance de cause ? Car beaucoup semblent oublier que depuis le début de la saison, l’UCI avait averti que les retours derrière voitures et les "bidons collés" ne seraient plus tolérés. Philippe Gilbert, comme d’autres, l’avait constaté en début de saison quand il avait dû batailler pendant des kilomètres pour réintégrer le peloton après une chute. Voilà pour la lettre, reste l’esprit. La décision du jury a été largement contestée sur les réseaux sociaux. Tous les arguments sont recevables mais un en particulier doit être pris en compte, le temps écoulé entre les faits et la sanction. Le commissaire vidéo à l’arrivée qui décortique toutes les images - même celles qui ne sont pas choisies par le réalisateur du signal international – aurait dû intervenir immédiatement. Ici mille questions se posent. Le commissaire vidéo a-t-il voulu être conforté dans sa décision par l’avis collégial du jury ? Aurait-il agi de la sorte si Samuele Battistella avait réussi à remonter Eekhoff au sommet de Montpellier Hill ? Quelqu’un a-t-il averti le jury du comportement " fautif " après la course ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

La décision, lourde de conséquences, prise par l’ensemble du jury hier est une première dans l’histoire. Un cas qui fera jurisprudence. Une sanction qui pour être comprise et acceptée devra désormais être appliquée à tous les coureurs, dans toutes les courses du monde, même aux plus grandes stars dans les grandes épreuves. Hier, le jury des commissaires a décidé que désormais l’intransigeance serait d’application.

 

 

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