Matin Première

Éducation sexuelle (EVRAS) à l’école : la ministre Caroline Désir estime "inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet"

Par Kevin Dero sur base d'une interview de Thomas Gadisseux via

La ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles était l’invitée de notre matinale. Il y était principalement question du cours d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (intitulé EVRAS), qui sera officiellement adopté par le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce jeudi. Celui-ci fait face à une importante offensive de certains milieux conservateurs et différentes organisations islamiques.

Importante campagne de désinformation

Des courriers types envoyés aux parents, des toutes-boîtes diffusés… Une campagne de désinformation assez massive est en cours contre cette fameuse EVRAS.

[…] on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre

Celle-ci a pour but, selon la ministre d’" attiser la crainte et la suspicion des parents sur ce projet ". Dans celle-ci on parle de changement de sexe, d’éducation sexuelle qui doit rester dans la sphère privée… Et cela inquiète Caroline Désir : Nos intentions sont nobles. On ne va évidemment pas encourager une hypersexualisation chez les jeunes, on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre, on ne va pas donner de cours de pratiques sexuelles. C’est inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet ".

Rassurer les parents

Et justement, la ministre socialiste de rappeler que notre jeunesse est vulnérable et potentiellement confrontée à des images ou a des contenus " qui parfois les dépassent voire qui peuvent être dangereux " (notamment via internet).

[…] apprendre à respecter les autres et soi-même

Dans les missions de l’école, il y a selon elle aussi le devoir de protéger les enfants de " situations potentiellement dangereuses ou problématiques mais aussi de les rassurer par rapport à des questions qu’ils se posent à la puberté ou des situations qu’ils vivent. Leur apprendre à respecter les autres et à se respecter soi-même aussi ". Et ça, c’est bien le but, selon elle, du projet EVRAS.

A revoir aussi : notre sujet du JT du 25 août

École : un nouveau cours d éducation sexuelle et affective

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Guide des contenus

Mais de quoi parle-t-on ? Cette EVRAS, qu’est-ce que c’est au juste ? La mission de donner au sein de l’école des cours d’éducation sexuelle et affective a été promulguée il y a une dizaine d’années. Seulement, tout le monde organisait ça (ou pas) un peu dans son coin. Depuis, des professionnels ont été engagés et un guide de contenus (d’environ 300 pages) a été rédigé. Celui-ci servira de base aux personnes spécifiquement formées pour donner deux fois deux heures dans la scolarité de chaque ado. Et ce, à ce qui a été identifié comme des moments-clés. A savoir une fois deux heures en sixième primaire – l’entrée dans la puberté – et une seconde fois deux heures en quatrième secondaire – parfois l’âge des premiers rapports sexuels –. Ces contenus seront communs dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces professionnels seront donc contrôlés car agréés (donc contrôlés).

On ne va jamais susciter ou anticiper une question

Et le guide ne sera pas mis tel quel dans les mains des enfants, mais transmis par le biais de ces quatre heures d’animation. Le guide pourrait servir à aiguiller des enseignants pris parfois au dépourvu face à certaines questions. Mais, souligne bien la ministre, "on n’aborde pas les choses de la même façon à 11 ans ou à 16 ans. On le fait en fonction du développement psychoaffectif des enfants. De plus, on ne va jamais susciter ou anticiper une question. On part du ressenti, du questionnement des élèves pour aborder une thématique avec eux". Maintenant dans ces animations, souligne Caroline Désir, on ne parle plus, comme par le passé, "que de maladies sexuellement transmissibles ou de grossesses non désirées mais de sentiments, d’émotions, de relations interpersonnelles, de respect, de la notion de consentement, de sexisme…". L’école ne va donc pas encourager les enfants qui se posent des questions à changer de sexe, pour le dire platement. Mais être à l’écoute, évidemment.

Désinformation de la part de milieux conservateurs

Le cours fait partie des missions de l’école et tous les acteurs s’y sont engagés. Une séance d’animation obligatoire (tout comme l’école) et tenue à la neutralité vis-à-vis des convictions religieuses. "En aucune manière il serait question ici d’imposer des valeurs qui rentrent en conflit avec l’éducation donnée à la maison," insiste la socialiste.

De la lutte contre le harcèlement

Thomas Gadisseux et son invitée sont aussi revenus brièvement sur le plan de lutte contre le harcèlement et cyberharcèlement et pour l’amélioration du climat scolaire, qui a été voté par décret. La ministre s’en réjouit : "Il commence à se déployer sur le terrain. On a créé un observatoire du climat scolaire au sein du ministère". Cette dernière a pour mission de fournir aux écoles des outils pédagogiques "un peu clé sur porte" pour lutter contre le fléau du harcèlement. Des établissements pilotes (120 écoles) se sont également engagés dans des programmes de quatre ans. Programmes pour mener à bien des plans d’action de lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement.

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