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Education - Et si on réhabilitait Narcisse ?

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Par RTBF La Première via

Narcisses, aimez-vous ! C’est le titre du dossier du Ligueur de cette semaine. Narcisse, c’est celui qui se mire dans la rivière. Il aime tellement son reflet qu’il se penche trop et finit par se noyer. A trop s’aimer, on se perd. Le narcissisme est souvent vu comme de l’égotisme, du nombrilisme. Le Ligueur nous invite à d’autres interprétations.

Le narcissisme apparaît dès les premiers mois de la vie, explique le journaliste Yves Marie Vilain. Un bébé de 4 mois commence à observer dans le miroir cette forme familière qui fait la même chose que lui. Il la voit comme un ami. A deux ans, il comprend qu’il est un individu et il apprend à se considérer. Et prendre conscience de soi, c’est prendre conscience de l’autre. Peut-être Narcisse cherchait-il aussi à mieux se comprendre à travers son reflet ?

Bon ou mauvais narcissisme ?

Pourquoi le narcissisme est-il toujours perçu aussi négativement ? La psychanalyste Hélène Vecchiali explique que c’est parce qu’il existe des biais. On se trompe sur les mots. Elle fait 3 distinctions :

  • les hypernarcissiques, contrairement à ce qu’on croit, ne s’aiment pas et vont chercher, par diverses stratégies parfois inconscientes, une valorisation dans le regard de l’autre.
  • les hyponarcissiques sont des personnes qui ne renvoient que des choses négatives et se plaignent tout le temps. Mais se plaindre revient souvent un peu à se vanter…
  • les pervers narcissiques, qui sont le signe d’un narcissisme pathologique, qui concerne parfois les parents, comme l’explique le dossier du Ligueur.

Que cherchent les jeunes dans le miroir ?

Les enfants qui s’observent constamment en réalité s’explorent, se rencontrent, pour pouvoir évoluer, s’accepter, se comprendre. C’est ainsi qu’ils forgent leur identité. Le parent doit encourager chez son enfant cette forme de compréhension de soi, cette dynamique, plutôt que de le réprimander lorsqu’il se regarde trop dans le miroir.

Les ados qui sont élevés aux selfies, aux filtres, aux avatars et à tout ce qui met en valeur, cherchent en fait une validation dans le regard des autres. Il y a quelque chose de très gratifiant pour eux lorsqu’ils reçoivent des likes. Ils se sentent acceptés. Mais s’ils n’en reçoivent pas, ils se sentent comme Narcisse qui n’apercevrait pas son reflet dans le miroir de l’eau.

Cela ne veut pas dire qu’il faut encourager le comportement narcissique, nuance Yves Marie Vilain. Le rôle du parent est de trouver la juste distance et d’être une balise face aux adolescents qui ne font souvent pas de vraie distinction entre la réalité et le virtuel. Il s’agit de leur rappeler que la valorisation 'physique', la valorisation 'dans le vrai monde' est très importante aussi.

Apprendre à s’aimer

Comment encourager son enfant à s’aimer quand on ne s’aime pas soi-même ? Il peut se produire parfois quelque chose de très symétrique, explique Yves Marie Vilain : à voir, à travers son regard, son enfant qui s’accepte, on finit par un peu s’accepter soi-même. Il y a un travail commutatif.

On peut aussi rassurer le parent en lui expliquant que l’enfant en devenant adulte, parviendra à réparer ses failles narcissiques, à travers ses actions ou ses centres d’intérêt.

Bref, le narcissisme n’est pas mauvais, nous montre ce dossier du Ligueur. Il participe à l’amour de soi, et partant, à l’amour des autres.

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