"On ne juge pas un homme sur le nombre de fois qu’il tombe, mais sur le nombre de fois qu’il se relève". Ce sont des mots de Jigoro Kano, le fondateur du judo. Une citation qui ne laisse pas indifférent quand on connait l’histoire de Toma Nikiforov. Le Bruxellois revient de loin. Très loin même. S’il y a bien un judoka qui n’a pas été épargné par la poisse ces dernières années, c’est bien lui… Blessures à répétition. De multiples opérations. Toma a enchaîné les coups durs. A 28 ans, il n’a plus assez de ses dix doigts pour compter le nombre de fois où il est passé entre les mains d’un chirurgien depuis le début de sa carrière. Plus fort que la douleur, plus fort que les épreuves, Toma Nikiforov s’est toujours relevé. Se relever, revenir plus fort et marquer les esprits comme il aime si souvent le répéter. S’il existait une recette pour réussir son "come-back", Toma Nikiforov serait un maître en la matière.
12 août 2018… Tu es champion d’Europe, 4ème mondial et favori des mondiaux de judo qui ont lieu fin septembre en Azerbaïdjan. Tu t’alignes ce jour-là au Grand Prix de Budapest pour peaufiner la préparation, mais au 2ème combat, tu t’écroules sur le tapis. Tu grimaces et te tords de douleur au sol… C’est grave. Déchirure du ligament croisé du genou droit. Tu es out 6 mois… alors que les qualifications olympiques viennent à peine de commencer.
6 mois plus tard, tu es là. Même un peu plus tôt que prévu. Rien d’étonnant pour l’éternel impatient que tu es. Pas totalement prêt. Encore loin d’être à 100 %, mais tu reviens dans le jeu, tu reviens dans ta cour de récréation comme le dit ton coach, Damiano Martinuzzi. Tu n’es pas en pleine possession de tes moyens, mais tu acceptes la présence de notre caméra au Grand Chelem de Düsseldorf. Nous réalisons un tournage en immersion dans les coulisses de ta vie de judoka. De la perte de poids jusqu’au combat. Le tournoi prend fin dès le 1er tour, mais l’essentiel n’est pas là. Tu as pu à nouveau enfiler ton judogi, prendre un adversaire entre les mains et retrouver l’atmosphère d’une compétition.
24 juin 2019… Tu t’envoles vers Minsk pour défendre ton titre européen. Après des médailles à Marrakech et Antalya, ces Jeux Européens doivent confirmer ton retour au premier plan. Mais c’est une nouvelle tuile qui t’attend… Lors du combat de repêchage, tu te déboites l’épaule gauche. Je t’entends encore hurler sur le tatami. Le genre de cri qui vous glace le sang… Le médecin te remet l’épaule en place à même le sol… Malgré la douleur et la déception, tu nous accordes une interview. Tu remues même le bras devant la caméra comme pour te convaincre que tout va bien. Mais de retour en Belgique, le couperet tombe… Nouvelle opération et plusieurs mois d’indisponibilité. Une catastrophe dans la course aux JO. Les déboires s’enchaînent et ce n’est pas fini…
22 octobre 2019… Tu vois enfin le bout du tunnel. Dernier entraînement à Wilrijk avant de reprendre la compétition en Australie. Mais lors d’un randori, c’est l’épaule droite qui te lâche. Nouvelle luxation. Nouvelle opération. Le sort s’acharne à nouveau sur toi… Pendant que ton entraîneur, Damiano Martinuzzi te tient l’épaule, tu comptes les mois qu’il reste avant les Jeux de Tokyo, prévus initialement à l’été 2020.
C’est le pire scénario ! Tu dois tout recommencer à zéro. Privé de judo. Nouvelle longue revalidation. Plus de combats, plus de compétition. Tu dégringoles au-delà de la 50ème place mondiale pendant que les autres judokas enchaînent les tournois pour décrocher leur billet pour Tokyo.