La Justice va devoir faire des efforts. Encore. Entre 2015 et 2019, il faudra réduire les frais de 12% pour le personnel, de 28% pour le fonctionnement et de 33% pour les investissements. 400 millions en tout.
Serge Wynsdau, membre du collège des Cours et tribunaux, s’insurge : "C’est trop. Le budget global de la Belgique fait 360 milliards approximativement. Cette année-ci, on octroie à la Justice 1 milliard 704 millions, mais en définitive, c’est 1,6 milliard, puisque nous avons des factures impayées à rembourser. En 2014, le SPF Justice n’a payé aucune facture de téléphonie, des écoutes téléphoniques etc". Et de comparer le budget total de la Belgique à un billet de 100 euros et celui de la Justice à une pièce de 50 centimes.
Christian De Valkeneer, président du Collège des Procureurs généraux, renchérit : "Le collège n’est pas contre faire des économies, mais il y a un seuil en-dessous duquel on ne pas aller. A Liège, on travaille avec des effectifs de 80%. Cela aura des conséquences sur la politique criminelle. Ça va devenir une politique plancher. Par exemple, en matière de vitesse, les instructions, c’est de donner des quotas aux zones de police".
Manuela Cadelli, de l’association syndicale des Magistrats, est encore plus inflexible. "Nous, nous ne sommes d’accord avec aucune économie. Nous sommes à 0,7% du budget, nous voulons 1% après un plan Marshall. (…) Ca fait des années que la magistrature dit qu’on est à un point de non-retour. L’Etat de droit est en danger : le terrorisme, la délinquance financière minent les Etats modernes. (…) La Justice ne va pas combattre le terrorisme comme elle le pourrait. Idem pour la criminalité financière. Et puis, je ne vois pas que le monde politique s’impose la même austérité qu’il impose aux autres…"
Serge Wynsdau donne un autre exemple : "Une des dernières réformes est celle des tribunaux de la famille. Mais ces transferts ne se sont accompagnés… de rien du tout. Ni en personnel, ni en magistrat, il n’y a pas eu d’adaptation des logiciels informatiques. Il y a des cas qu’on ne sait pas traiter. A terme, loin d’arriver aux 12 mois de traitement que souhaite la ministre de la Justice, on va accroître l’arriéré judiciaire…"