Mais cette manière de calculer est-elle encore d’actualité ? Ne rend-elle pas la femme encore dépendante de son mari financièrement ? Bref, cette méthode de calcul est-elle égalitaire ?
Pour Pierre Devolder, c’est une méthode de calcul qui date clairement du passé mais qui profite aux deux membres du couple. "Même si le montant est versé à l’homme, la femme va également profiter de cette revalorisation. L’idée de la pension ménage est de redistribuer au couple, pas à l’homme seul. Et donc, la femme en profite aussi."
La question est donc de savoir comment l’argent est redistribué dans le couple une fois qu’il est versé à l’homme. "Et cette information est très difficile à obtenir car il s’agit du cercle privé", répond Laurène Thil, économiste et chercheuse à la KULeuven.
"Il est clair qu’avec le taux ménage, l’homme gagne plus grâce à sa femme. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que la femme reçoit moins de richesses à la fin. À partir du moment où les ressources disponibles pour le couple sont augmentées et reversées à l’homme, l’important pour l’égalité de genre est de voir comment elles sont redistribuées ensuite. Si elles sont partagées, c’est très bien, sinon, c’est clair que les femmes sont perdantes… Oui, il s’agit de bien s’entendre !"
Cela signifie ainsi que la femme dépend financièrement de son mari. "Il y a une globalisation des revenus qui fait que vous n’avez plus de droits propres si vous êtes celui, celle en l’occurrence, qui gagne le moins", réagit Dominique De Vos, présidente de la commission Sécurité sociale du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre hommes et femmes. "Ça bétonne la dépendance au mari. Même si, il faut le souligner, ils peuvent se séparer et toucher une pension de divorcés qui, là aussi, dépend des revenus du mari."
Une des solutions étudiée par ces trois experts serait le "splitting". Rappelez-vous, c’est une des solutions qui doit être étudiée selon l’accord de gouvernement. "L’idée de base du splitting est de cumuler la pension des deux personnes et on divise en deux", explique Dominique de Vos qui précise que cela pose énormément d’autres questions. "Que met-on dans ce pot commun ? La pension légale ? Complémentaire ? Cela ne risque-t-il pas d’appauvrir les ménages ?"