Duel Pogacar/Evenepoel : les cotations de l'équipe d'"On connait nos Classiques"

Sur le plan physique, ce sera la fraîcheur de l'un contre le rythme de compétition de l'autre.

Rodrigo Beenkens donne, à ce moment précis de la saison, un petit avantage à Remco Evenepoel, en début de cycle après son stage sur le Teide, face à un Tadej Pogacar qui refermera son printemps des Classiques ce dimanche. "Et les infos qui nous sont parvenues depuis le fameux volcan indiquent qu'il est capable de pousser des watts de manière impressionnante", ajoute notre commentateur télé.

Cyril Saugrain : "J'ai l'impression aussi que Remco a effectué un travail sur les longues ascensions, là où Tadej Pogacar a peut-être bossé un peu plus son explosivité, ces dernières semaines, avec les victoires déjà empochées."

Samuël Grulois : "Pogacar aura pour lui le rythme de la compétition et la perspective de pouvoir bientôt souffler, de pouvoir partir un peu en vacances avant de se reconcentrer sur le Tour de France, ce qui pourrait lui donner un petit boost pour sa dernière course. Mais il y a aussi de la fatigue accumulée, donc petit avantage à Remco Evenepoel, dont l'entraîneur semble très satisfait du travail effectué à Tenerife."

Difficile de départager deux coureurs qui, pour Rodrigo Beenkens "sentent tous les deux remarquablement la course"...

Cyril Saugrain donne tout de même un tout petit avantage à Remco Evenepoel : "C'est un coureur qui court assez juste. Pogacar, lui, roule tellement au talent qu'il écrase tout simplement les autres là-dessus, et pas nécessairement grâce à un choix tactique payant. On l'a vu à l'Amstel où il ne s'est pas posé de questions quand il est parti, par exemple. Mais face à un meilleur Tom Pidcock ce jour-là, ou face à un Remco Evenepoel dimanche, il risque de se faire contrer."

A l'inverse, Samuël Grulois donne lui un tout petit avantage... à Tadej Pogacar : "On a vu une équipe UAE qui a très bien géré, sur la Flèche Wallonne en particulier. Le Slovène est très bien conseillé dans son équipe. Remco, lui, part presque dans tous les domaines avec un petit différentiel, par son inexpérience sur le vélo. Il comble tout cela de manière assez rapide finalement, il apprend vite. Mais il part de plus loin."

Cyril Saugrain n'a pas hésité à distribuer des notes... parfaites pour les deux champions ! "On a deux hommes très solides sur cet aspect mental ! La pression glisse sur Remco Evenepoel, il est prêt. Tadej Pogacar la gère aussi avec aisance et avec beaucoup de recul. Il prend plaisir sur le vélo. Et ils sont tous les deux prêts à aller dans la difficulté, ce qui sera utile parce qu'on ne s'attend pas à une très bonne météo ce dimanche."

Pour Samuël Grulois, Tadej Pogacar a déjà prouvé sa force mentale, notamment sur le Tour de France de l'an dernier, où il est allé chercher des victoires d'étapes et d'autres maillots, quand le jaune lui a été confisqué par Jonas Vingegaard. Et il a pour lui aussi une force d'insouciance positive : "Quand on est fort, au-dessus du lot et avec des capacités hors normes comme lui, tout parait toujours un peu plus facile. Il a cette insouciance et ce sourire, sur le vélo mais aussi avant les courses, là où d'autres sont beaucoup plus fermés. Comme Remco, par exemple, certains matins. Mais le Belge a aussi beaucoup bossé l'aspect mental. Il a lu des bouquins sur la préparation mentale, et il a aussi traversé des moments plus difficiles après sa chute en Lombardie. Il avait en tout cas déjà cette énorme confiance en lui quand il était footballeur, il a amené cette confiance sur son porte-bagages en arrivant dans le monde du cyclisme."

Rodrigo Beenkens donne lui un léger avantage, actuellement, à Remco Evenepoel : "Dans ses derniers objectifs d'un jour, Remco a toujours réussi : Liège-Bastogne-Liège l'an dernier, la Clasica San Sebastian, le championnat du monde. C'est du 100% ! Pogacar, lui, a gagné de grandes courses cette saison oui mais il a été surpris dans le Poggio et n'a pas pu s'imposer à l'E3 (contre qui vous savez)." Et l'insouciance peut aussi jouer contre le Slovène : "On a l'impression qu'il est un parfois un peu distrait... On l'a vu sur certains secteurs pavés, ou sur son sprint au Ronde 2022... Il a des petits moments d'absence, là où Remco Evenepoel en a de moins en moins."

Pour Samuël Grulois, la formation Soudal-Quick Step va peut-être manquer de certains automatismes ce dimanche : "Les équipiers de Remco se préparent surtout pour le Giro, pour cette course à étapes pointée comme énorme objectif. Dans l'équipe de Pogacar, on est dans une dynamique de courses d'un jour, une dynamique de victoires aussi, avec des garçons qui savent ce que c'est de monter des petites montagnes ardennaises."

Rodrigo Beenkens : "Au niveau du nombre de participations des différents coureurs de chaque équipe, on est à 22 participations pour UEA et 23 pour Soudal. Il faut aussi rappeler que l'an dernier, chez QuickStep, ils ont vécu des choses très différentes sur le plan émotionnel, sur cette journée : la victoire d'Evenepoel, mais aussi  la chute d'Alaphilippe. Je n'ai aucun doute, l'équipe belge sera très présente, mais celle de Pogacar me semble un cran au-dessus. Ce serait différent avec un Alaphilippe à 100%, mais là, je donne un léger avantage à Pogacar."

Cyril Saugrain : "Il y a un vrai leadership incontesté de part et d'autre, mais je donne aussi un léger avantage à Pogi. Chez Soudal, Alaphilippe va devoir endosser un rôle différent, on pense qu'il sait le faire mais on n'a tout de même pas vu du grand Julian jusqu'ici. J'ai un peu peur que ce soit compliqué de gérer l'équipe. Ce sera une vraie différence."

Evidemment, la plupart des fans et des suiveurs ont envie de vivre un vrai duel, un mano a mano, une course qui se joue en un contre un, dans un sprint à deux entre les deux favoris... "Mais la question, du coup, c'est de savoir où ils vont attaquer et à combien de kilomètres de l'arrivée exactement", ajoute Rodrigo Beenkens. "On l'a déjà vu plusieurs fois, cette nouvelle génération est capable de partir de vraiment loin ! Cela dit, dans un sprint à deux, j'aurais encore donné il y a quelques mois l'avantage à Pogacar, avec un gros écart. Mais aujourd'hui, ce gouffre s'est résorbé et il n'y a pas beaucoup d'écart entre ces deux-là. Remco a beaucoup travaillé dans ce domaine, on l'a vu terminer 5e d'un sprint massif au Tour de Catalogne. Donc je suis très curieux de voir ce que ça donnerait contre Pogacar, à qui je donne tout de même encore un avantage au sprint. Mais un petit."

Cyril Saugrain imagine, lui, un sprint à deux un peu "arrêté" : "Un sprint qui nécessite de explosivité.... Et j'ai trouvé que Remco avait travaillé aussi cet aspect, déjà l'an dernier on l'avait vu avec son attaque dans la Redoute. Donc dans un sprint arrêté à deux, j'ai envie de lui donner un avantage."

Pour Samuël Grulois, Tadej Pogacar reste intrinsèquement un peu meilleur que le Belge dans un sprint : "On a beaucoup analysé le sprint entre Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert, à l'E3 par exemple, et on y revient ici... Si Pogi veut gagner, il doit essayer un sprint court, et Remco un sprint un peu plus long, avec sa puissance. Ce sera intéressant de voir le choix opéré en cas d'arrivée à deux. Mais sur ce qu'il a montré jusqu'ici dans sa carrière, je donne tout de même un avantage assez conséquent à Tadej Pogacar."

Pour découvrir le détail des notes de nos spécialistes, rendez-vous dans le petit bonus du podcast "On connait nos Classiques S04E08". A partir d'1h08m20s.