Belgique

Drogue dans les envois postaux et sur les passagers : Brussels Airport est, malgré lui, une plaque tournante de ce type de trafic

De la drogue cachée dans une affiche encadrée saisie parmi les envois postaux traités à l’aéroport de Bruxelles : les trafiquants ne manquent pas d’imagination pour dissimuler la drogue destinée à être expédiée de la Belgique vers l’étranger.

© Belga

Le ministre de la Justice et le patron de l’administration des Douanes et Accises ont fait le point, ce mardi 20 décembre, sur les saisies de drogues à l’aéroport de Bruxelles. C’est la drogue expédiée dans des colis postaux ou transportée par des personnes qui retient l’attention. Les drogues, en particulier les drogues synthétiques, qui passent ainsi par l’aéroport de Bruxelles ne sont pas forcément destinées au marché belge. Elles sont exportées aux quatre coins du monde.

Chaque année, plusieurs tonnes de drogues sont retrouvées à la poste, dans les envois courrier

Il n’y a pas qu’au port d’Anvers et dans les containers maritimes en provenance d’Amérique Latine que les douanes belges effectuent des saisies de drogues. Les envois postaux font aussi l’objet de contrôles. En 2022, en janvier et fin novembre, les douanes ont constaté à 967 reprises la présence de drogues dans des envois courrier (1692 constats en 2021).

Jusqu’à présent, en 2022, ce sont ainsi 4871,46 kg de khat qui ont retrouvés dans des envois postaux. Les douaniers ont aussi saisi dans des courriers 2 tonnes de "précurseurs", des produits chimiques nécessaires à la fabrication de drogues telles que l’héroïne, la cocaïne et les amphétamines. D’autres drogues sont aussi envoyées par la poste et ont été retrouvées : des tranquillisants tels que de la kétamine, du GHB ou des benzodiazépines, des drogues synthétiques (XTC, MDMA, ICE), de la cocaïne et des drogues diverses.

Le parcours de la drogue : des Pays-Bas au reste du monde en passant par la Belgique

Les trafiquants recourent aux colis et courriers postaux pour expédier la drogue de la Belgique vers l’étranger. Ici, des buvards imprégnés de LSD cachés dans la couverture d’un livre à destination de l’Australie.
Les trafiquants recourent aux colis et courriers postaux pour expédier la drogue de la Belgique vers l’étranger. Ici, des buvards imprégnés de LSD cachés dans la couverture d’un livre à destination de l’Australie. © Belga

Le réseau postal belge est utilisé par les trafiquants pour envoyer la drogue là où il y a de l’argent à gagner. La drogue synthétique est produite aux Pays-Bas ou en Belgique. Cette drogue, les trafiquants la conditionne dans des courriers et colis expédiés via le réseau de poste belge afin de l’expédier dans le monde. Etats-Unis, Amérique du Sud, sud-est de l’Asie et Océanie sont les principales zones de destinations des colis et courriers que les trafiquants font passer par la poste belge.

Pour envoyer la drogue, les criminels ne manquent pas d’imagination. Ainsi, de la cocaïne a été retrouvée dans des paquets de café à destination de l’Australie. 10.000 buvards imprégnés de LSD, dont la valeur est estimée à 13 euros/pièce étaient cachés dans la couverture d’un livre à destination de l’Australie. Des boîtes de légumes destinées au Vietnam contenaient 10.000 comprimés d’XTC dont la valeur marchande est estimée à 30 euros/pièce. Des trafiquants ont aussi tenté d’exporter de la kétamine vers Dubaï en la cachant dans des piles de bols à soupe.

Les douanes belges constatent aussi que les trafiquants font preuve de créativité pour séduire les consommateurs et attirer leur attention. Elles ont ainsi saisi des cachets de drogues synthétiques à l’effigie de jeux vidéo, comme Fortnite ou Donkey Kong ou frappées du logo de Maserati ou de Netflix, par exemple.

Les douanes sont aussi à l’affût du Fentanyl, une drogue jugée dangereuse et inquiétante. Il s’agit d’un opiacé de synthèse aux capacités euphorisantes, considéré comme 40 à 50 fois plus puissant que l’héroïne et 100 fois plus fort que la morphine. Il fait des ravages aux Etats-Unis, mais est encore peu répandu en Europe. Jusqu’à présent, les douanes belges en ont saisi 10 grammes.

A l’aéroport, avaler la drogue a de plus en plus la cote auprès des passagers-trafiquants

De janvier à fin novembre 2022, plus de 350 kilos de drogues ont été retrouvés dans les bagages ou sur des passagers. 64 personnes ont ainsi été arrêtées en flagrant délit de trafic de drogue. Elles transportaient principalement du khat, à concurrence de 209 kilos découverts. Venait ensuite de la cocaïne dont 142 kg ont été saisis chez des passagers. 11 kg d’XTC et 8 kilos d’héroïne ont aussi été retrouvés.

Au total, ces cinq dernières années, 310 personnes ont été arrêtées à l’aéroport de Bruxelles pour flagrant délit de trafic de drogue.

Les douanes dressent un hit-parade des méthodes employées par ces passagers trafiquants pour transporter la drogue. Dissimuler celle-ci dans les bagages reste le moyen privilégié dans 52% des cas. Cette méthode est en recul depuis 2018 où elle concernait encore près de 7 dossiers sur 10. Le fait d’avaler la drogue sous forme de boulettes est de plus en plus "populaire" et concerne 37% des dossiers (27% en 2018). Dans 9% des cas la drogue est dissimulée sur le corps et dans un 1% des cas dans la zone anale ou vaginale.

2,28 kilos de cocaïne avalés sous forme de boulette, c’est le poids de la plus grosse saisie de drogue sous cette forme au cours des cinq dernières années, à l’aéroport de Bruxelles.

Pour améliorer la lutte contre ces trafics, l’Etat a investi 880.000 euros dans du matériel de détection et d’analyse.

 

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