Les premiers témoignages sont apparus dimanche soir sur les réseaux sociaux : plusieurs jeunes filles disent avoir été victimes ou témoins d’agressions sexuelles et de viols de la part d’employés d’au moins deux bars localisés dans le quartier du cimetière d’Ixelles en région bruxelloise. Selon ces témoignages, au moins un barman droguerait les filles en versant une substance dans leur verre au préalable.
A ce jour, nous avons pu entrer en contact avec cinq victimes différentes de ce même mode opératoire. Certaines ont pu échapper à l’agression sexuelle ou viol après avoir été droguées. D’autres pas. Les faits les plus anciens datent d’il y a cinq ans, les plus récents de cet été. Au moins deux des cinq victimes avec lesquelles nous avons pu échanger ont porté plainte.
Marie (nom d’emprunt) venait d’avoir 20 ans en août 2018 lorsqu’elle sort boire un verre avec une copine dans l’un des deux bars. "Je ne comptais pas boire beaucoup car j’étais en examen, mais très vite j'ai senti que ça n'allait pas. J'étais beaucoup trop mal par rapport à ce que j'avais bu. Quand je refais le fil, je suis quasiment certaine que c’est le barman qui m’a droguée". Quelques minutes plus tard, Marie sera violée dans les toilettes de cet établissement. "Ce n’est pas le barman qui m’a violée, mais une connaissance à moi qui passait par là et qui a profité de mon état." Marie a été à l’hôpital pour que des prélèvements soient effectués et a porté plainte à la police. "La police m’a dit un an plus tard que la plainte avait été classée sans suite car mon agresseur, que j’avais identifié, affirmait que la relation avait été consentie". Lors du dépôt de plainte, Marie a spécifié le nom du bar dans lequel les faits ont eu lieu. "Quand j’ai expliqué ce qui s’était passé à quelques amies, elles m’ont dit qu’il était connu que ce bar était dangereux."
Une autre source ayant travaillé ces dernières années dans l’un des bars incriminés nous indique l’existence d’un groupe WhatsApp au sein duquel les serveurs s’échangeraient des photos de leur conquête de fin de soirée, témoignant d’une ambiance malsaine au sein du bar. Cette source n’a par contre pas pu confirmer le recours à la drogue ou l’existence de relations sexuelles non consenties.
Le démenti d’un bar mais une information judiciaire ouverte
Sur le réseau social Instagram où la plupart des témoignages sont publiés, l’un des bars incriminés a publié un communiqué démentant ce qu’il considère comme des "allégations".
"La sécurité et le bien-être de notre clientèle sont notre priorité absolue. Notre établissement est équipé de caméras infrarouges couvrant l’entièreté du lieu, et ce 24h sur 24. Tous les actes ou faits répréhensibles ayant lieu au sein du (bar) sont donc filmés et enregistrés, et ce, pour garantir votre sécurité ainsi que celle du personnel. […] La police nous confirme qu’il n’y a aucune enquête en cours ni plainte concernant des manquements d’un des membres de notre équipe. Nous faisons, et ferons toujours tout pour mettre en lumière des actes répréhensibles que nous condamnons."
Pourtant, le parquet de Bruxelles confirme que plusieurs plaintes concernant des faits de viols et d’attentat à la pudeur ont été enregistrées. Une information judiciaire est en cours. Selon nos informations, des prélèvements ont été effectués et plusieurs bars du quartier du cimetière d’Ixelles font effectivement l’objet d’une attention particulière de la part de la police. Le parquet s’est refusé à davantage de commentaires, en ne confirmant pas les noms des bars visés par ces surveillances.