Tulsa, dans l’Oklaoma. La deuxième plus grande ville de l’état. L’une des 50 meilleures villes des États-Unis selon l’hebdomadaire américain Business week.
Mais Tulsa, pour la communauté noire, est à jamais le symbole d’un massacre de la population de couleur il y a près de 100 ans, le plus important lynchage de l’histoire américaine.
300 tués, plus de 1200 bâtiments détruits, aucune condamnation parmi les émeutiers blancs.
Le 30 mai 1921, un banal fait divers déclenche la folie meurtrière. Ce matin-là, un jeune cireur de chaussures pénètre dans l’immeuble abritant les seules toilettes du quartier autorisées aux Noirs. En entrant dans l’ascenseur, il aurait malencontreusement écrasé le pied d’une opératrice blanche, qui y officiait. C’est du moins ce qui ressort d’une enquête de l’Oklahoma Historical Society.
Les cris de la jeune femme, l’accusation vite répandue d’une agression sexuelle, tout s’enchaîne très vite. La presse s’empare de l’affaire. La rumeur fait le reste. Pourtant la police, en premier lieu, décide qu’il ne s’agit pas d’une agression, d’autant que Sarah Page ne souhaite pas porter de plainte. Mais Dick Rowland est bien conscient qu’à une époque où les Noirs sont régulièrement lynchés sans réel motif, il est préférable de prendre la fuite et se réfugie à Greenwood, chez sa mère.
Le lendemain, deux officiers de police se présentent à sa porte et l’emmènent. En parallèle, le journal Tulsa Tribune publie un article à charge intitulé "Nab Negro for Attacking Girl In an Elevator" (Un Nègre attrapé pour avoir attaqué une fille dans un ascenseur).
Le cireur de chaussures est conduit au tribunal où se rassemble bientôt une foule de Blancs en colère.
Craignant un "lynchage", encore monnaie courante à l’époque dans la région, plusieurs dizaines d’hommes noirs, pour beaucoup armés et anciens combattants de la Première Guerre mondiale, tentent de s’interposer.