À cette époque, on se distingue par le raffinement de son comportement, avec des manières frôlant parfois la pédanterie. À l’inverse, les considérés comme "petits", issus de la plèbe, étaient connus pour vivre simplement, à mille lieues des salons et des hôtels de particuliers.
Comme l’explique l’historien français du langage, Claude Duneton, ces deux pans de la société sont référencés dans deux expressions – lexicalement proches – mais opposées par le sens : d’un côté, "à la française" signifiait "avec beaucoup d’obligeance et d’arrangement", de l’autre, "à la franquette", "franchement, tout bonnement". Cette dernière formule serait sans doute née du normanno-picard et construite sur le mot "franc" et le suffixe "-ette".
"À la franquette" était utilisée pour inviter une personne à parler "en toute franchise", comme en témoigne l’acte II de "La Double Inconstance" (1723), comédie de Marivaux :
"Le Seigneur : J’ai dit que vous aviez l’air d’un homme ingénu, sans malice, là d’un garçon de bonne foi. Arlequin : L’air d’un innocent, pour parler à la franquette ; mais qu’est-ce que cela fait ? Moi, j’ai l’air d’un innocent ; vous, vous avez l’air d’un homme d’esprit ; eh bien, à cause de cela, faut-il s’en fier à notre air ? N’avez-vous rien dit que cela ?"