Interviews croisées des metteur.euses en scène Pascal Crochet, Stéphanie Goemaere et de l’actrice Marie Cavalier-Bazan, qui ont répondu d'une même voix.
Pourquoi avoir eu envie de partir de Don Juan pour questionner le genre ?
Le projet est né à l’initiative du collectif Théâtre en Liberté qui travaille sur le répertoire (classique et contemporain). Lorsque que nous avons discuté d’un projet lié au répertoire, le Don Juan de Molière a été évoqué. Il nous a paru d’une totale incongruité dans le contexte actuel. Et puis réflexion faite, la proposition a semblé riche en ce qu’elle peut permettre de faire dialoguer une œuvre du passé avec des questionnements et des pensées actuelles autour de la domination de genre et de la pensée féministe.
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Votre façon de travailler ensemble a-t-il été modifié par la mise en avant des questions de pouvoir, de domination, de genre, notamment dans la prise de parole ?
Oui, on a essayé d’évacuer la forme pyramidale dans le travail, on a vraiment cherché à laisser la parole à toustes. Le collectif a travaillé en son sein les thématiques qui sont présentes dans le spectacle, en tentant d’être à l’écoute des réalités/regards de toutes et tous sur les questions de genres et de domination.
Comment avez-vous choisi les textes des ouvrages théoriques féministes ?
Nous avons proposé à toute l’équipe de venir partager à toustes des extraits de textes, podcasts et autre qui les avaient touché, marqué ou interpellé et de là, on est parti au plateau. Ça nous nourrissait les uns les autre pour les improvisations, et nous permettait de choisir les extraits qui nous semblait les plus pertinents pour notre projet. Certaines voix m’ont semblé nécessaire dès le début : Judith Butler, Françoise Héritier et Virginie Despentes.
Pouvez-vous parler de l’importance du corps et de la danse dans votre spectacle ? La déconstruction du genre passe-t-elle par le verbal et le corporel ?
L’importance du corps et du mouvement a toujours eu sa place dans le travail de Pascal. C’est quelque chose auquel il attache une grande importance, ça laisse place à des moments poétiques et oniriques, qui viennent frotter, compléter ou contrebalancer les propos tenu sur scène.
Les auteur.rices telles que J.Butler, qui sont citées dans le spectacle, sont bien au-delà de la question de genre et il nous semblait indispensable de passer par la physicalité des corps pour aborder le sujet.
Finalement à la fin de la pièce Don Juan meurt de quoi de façon symbolique ?
Pour nous, Don Juan meurt de solitude. Coupé qu’il est, d’un monde en mutation.
Ça craque de partout, ce sont les derniers mots de la pièce message d’espoir ?
Tout à fait. Les choses bougent et fort heureusement ! cela est déroutant mais aussi très réjouissant. Pour que les choses puissent évoluer, se transformer il est indispensable d’en passer par un moment d’effondrement. Toutes les grandes mutations sont passées par des moments d’incertitudes et de tensions.
Faire la cuisine, d’une omelette aux coquilles d’œufs à la soupe, fluide et mélangée, la nourriture comme réponse et métaphore ?
La présence de l’omelette est partie de l’expression "on ne fait d’omelette sans casser des œufs " et la soupe est partie de l’idée que c’est un plat collectif, qui rassemble qui réchauffe.
La cuisine c’est le lieu des transformations des aliments, à l’image de notre monde en transformation, en mutation.