Chroniques Culture

Doit-on réellement l’invention de l’imprimerie à Gutenberg ?

© Capture d’écran Youtube

Par Romane Carmon

1454, une date à laquelle personne n’a pu échapper à l’école. Elle évoque l’un des événements identifiés comme marquant la fin du Moyen Âge : l’invention de l’imprimerie par Gutenberg.

Bien que les innovations techniques de cet imprimeur aient contribué à une meilleure expansion du savoir et de la connaissance en Europe, il faudrait plutôt parler d’une "révolution" que d’une "invention".

Des techniques préexistantes

Huit siècles avant l’arrivée de Gutenberg à l’avant-scène, la xylographie – technique de gravure en relief – existait déjà en Chine. Le plus ancien livre imprimé connu au monde est le Sūtra du Diamant (868), un traité indien devenu l’un des textes les plus vénérés du bouddhisme Mahayana.

Gutenberg n’est pas non plus le premier à avoir utilisé les caractères mobiles, l’invention de ceux-ci étant attribuée à Bì Shēng, un artisan chinois de la première moitié du XIe siècle. Ses caractères mobiles étaient gravés dans de la porcelaine, de la céramique d’argile, pour être ensuite durcis dans le feu, assemblés dans la résine puis dans le bois. Le plus vieil ouvrage imprimé à l’aide de caractères mobiles est le Jikji Simkyong, un traité bouddhique coréen datant de 1377, soit 78 ans avant l’impression de la Bible de Gutenberg.

La diffusion des idées humanistes en Europe

Gutenberg n’a donc pas inventé l’imprimerie de toutes pièces, mais l’aurait considérablement révolutionnée. L’orfèvre d’origine allemande avait, en effet, saisit rapidement la nécessité de simplifier et d’automatiser cet outil qui permettrait de diffuser plus largement un même contenu.

Au XVe siècle, au sortir du Moyen-Âge, l’Europe compte en effet de plus en plus d’érudits et étudiants ayant soif de lectures et d’apprentissage. Seulement voilà : jusqu’ici, les moines mettaient 3 ans pour retranscrire la Bible. Sans compter les éventuels changements susceptibles de se glisser dans les textes.

La question serait plutôt : comment Gutenberg a-t-il révolutionné l’imprimerie ?

Un génie au service de l’innovation, non de l’invention

D’abord, Gutenberg a pensé à ajouter de l’huile à l’encre pour s’assurer que celle-ci pénètre correctement le support en cuir animal (vélin) sans le transpercer.

L’innovateur est le premier à avoir l’idée d’utiliser un procédé avec des caractères mobiles en plomb et une presse à imprimer. En remplaçant les caractères mobiles en bois par du plomb et de l’antimoine, ceux-ci sont devenus réutilisables à l’infini. La presse à imprimer consiste à appliquer une feuille de papier sur des caractères mobiles grâce à un levier.

Cette prouesse technique, certes basée sur des connaissances préexistantes, permet l’impression de 15 à 20 millions d’exemplaires avant 1500. Les innovations de Gutenberg contribuent à changer la façon de lire mais aussi la façon de penser, en offrant un accès direct aux textes bibliques et antiques.

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