Les réacteurs nucléaires Doel 3 et Tihange 2 ont été mis à l'arrêt fin mars 2014 en vue de réaliser des tests supplémentaires sur les cuves de réacteurs, après la découverte de microfissures dans l'acier de leur cuve au cours de l'été 2012.
On ne sait toujours pas avec certitude si ces fissures accroissent la fragilité de l'acier. En cas d'incident nucléaire la crainte est que cette fragilité supposée entraîne une rupture de ces cuves, ce qui serait un accident majeur.
Or, on vient d'apprendre que ce ne seraient pas 10 000, mais bien près de 16 000 micro-fissures qui "vérolent" les cuves des deux réacteurs. Les dégâts sont beaucoup plus importants que ceux qui étaient annoncés. "Le nombre de défauts passe de 8062 à 13 047 pour Doel et de 2 011 à 3 149 pour Tihange", explique le directeur de l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), Jan Bens. Un défaut qui pourrait, selon des experts, affecter jusqu'à 430 réacteurs de par le monde.
Cette découverte s'explique par une "réévaluation du nombre des défauts dus à l’hydrogène présents depuis la fabrication de l’acier à la fin des années 70 qui provient d’une révision de la méthode de détection à ultrasons utilisée jusqu’à présent dans les deux centrales nucléaires", explique Le Soir.
Selon l'expert en énergie nucléaire Digby Macdonald, un risque existe de voir ces fissures s'agrandir. "Les réacteurs nucléaires sont plongés dans l'eau, qui est composée à deux tiers d'hydrogène", explique-t-il. "A cause de ces atomes d'hydrogène, la pression s'accumule dans la cuve, l'acier gonfle de l'intérieur. Des bulles de plus en plus importantes se créent et les fissures grandissent. Les conséquences peuvent être très importantes; à savoir la fracture du réacteur et une perte de l'eau de refroidissement", a-t-il mis en garde, estimant que l'ensemble des centrales nucléaires devraient être contrôlées dans le monde entier.
Des précisions jamais encore rendues publiques, ni par Electrabel, ni par l'Agence de contrôle nucléaire. Une nouvelle donne qui rend plus complexes les calculs sur la sécurité réelle des réacteurs en question et plus problématique le calendrier de redémarrage souhaité par Electrabel, au début de juillet prochain.
Les écologistes réclament la clarté du gouvernement
Les députés écologistes Jean-Marc Nollet et Kristof Calvo ont appelé vendredi soir les ministres de l'Intérieur et de l'Energie, Jan Jambon (N-Va) et Marie-Christine Marghem (MR), à prendre leurs responsabilités après la révélation de l'existence de davantage de microfissures dans les réacteurs des centrales nucléaires Doel 3 et Tihange 2.
"C'est à Jan Jambon de donner suite" à cette nouvelle donne et à faire en sorte que l'AFCN contrôle aussi les autres centrales (belges) "avec les mêmes instruments", a affirmé Jean-Marc Nollet (Ecolo).
Il a également réclamé de Christine Marghem qu'elle fixe une date limite à Electrabel pour apporter de la clarté sur ce problème de microfissures alors que le gouvernement a décidé en décembre dernier de prolonger de dix ans, jusqu'en 2025, la durée de vie de deux des sept réacteurs - les unités de Doel 1 et Doel 2 - exploités par Electrabel, filiale du groupe français GDF Suez, sous réserve notamment d'un feu vert de l'AFCN.
Kristof Calvo (Groen) a pour sa part rappelé que les écologistes demandaient depuis 2012 à l'AFCN et au gouvernement fédéral d'autoriser une enquête internationale sur l'état des réacteurs nucléaires belges. "S'il y a le moindre doute sur la sécurité des réacteurs, ils doivent fermer", a-t-il conclu.
RTBF