Nominé à l’Oscar du meilleur court-métrage documentaire, le film russo-britannique "Haulout" dévoile une conséquence incongrue et tragique du réchauffement climatique.
"Haulout" est de ces documentaires qui vous prennent par surprise. Ses premières minutes suscitent un ennui poli : on assiste à la vie solitaire d’un biologiste marin sur une côte isolée de l’Arctique sibérien. Les images des cinéastes Evgenia Arbugaeva et Maxim Arbugaevsont sont relativement belles, nous invitant à la contemplation des rugueux paysages battus par le vent, mais ne suscitent pas non plus une vraie fascination. Et notre homme n’est guère bavard. Pourquoi est-il là ? Et pourquoi ses actions sont-elles filmées ? On craint le pire devant ce film documentaire qui ne semble pas avoir d’autres arguments qu’un certain sens de l’épure.
A tort. En un instant, le film nous révèle la raison de sa présence dans ce coin isolé, et nous prend magnifiquement au dépourvu. Difficile d’en parler plus en détail : révéler la nature du film serait gâcher le plaisir suscité par la surprise. Contentons-nous donc de dire que la direction prise par le court-métrage est à la fois hilarante, grandiose et tragique. Evoquant de manière singulière une conséquence du réchauffement climatique, le film fait preuve d’une impressionnante clarté dans sa démonstration du problème. On en vient presque à regretter que le film, dépourvu en grande partie de dialogues, se termine sur un texte explicatif, tant ce qu’il nous exprime par l’image se suffit à lui-même.