Cyril Dion, co-réalisateur de "Demain", revient avec un nouveau documentaire écologique.
L’AFP le soulignait récemment : les films qui traitent de l’urgence environnementale sont de plus en plus nombreux. On ne compte plus les documentaires qui tentent d’alerter et de sensibiliser le public aux questions écologiques. Derrière cette vague de productions alarmistes, on retrouve encore et encore cette même frustration devant l’inaction des dirigeants et l’absence de mesures concrètes pour enrayer la catastrophe annoncée.
Cette frustration, elle est présente aussi chez Bella et Vipulan, les protagonistes du nouveau documentaire de Cyril Dion, "Animal". Du haut de leurs 16 ans, ces jeunes activistes climatiques regardent le monde à venir avec un certain pessimisme. Qu’importe le nombre de manifestations et d’actions auxquelles ils prennent part, la situation ne semble pas changer. Est-il possible de faire bouger les choses ? Et si oui, par quels moyens ? Accompagnés par une équipe de tournage, les deux adolescents se sont lancés dans un périple à travers le monde pour tenter de trouver des solutions, à la rencontre d’agriculteurs, de politiciens, de militants et d’éleveurs.
Le concept général du film n’a rien d’unique. À vrai dire, il est très similaire au récent documentaire "Bigger Than Us", dans lequel une jeune activiste parcourait les 4 coins de la planète à la rencontre, elle aussi, d’autres personnes qui se battent pour de meilleurs lendemains. Mais plutôt que d’imposer un message formaté et des réponses toutes faites comme le fait souvent ce genre de documentaires, “Animal” adopte une stratégie sensiblement différente. Il s’agit plus de démarrer une discussion, de lancer une réflexion.
Le documentaire s’intéresse autant au fonctionnement des écosystèmes qu’aux systèmes humains qui les mettent en danger. Les deux jeunes militants se frottent ainsi au lobbyisme, faisant par eux-mêmes l’expérience d’un milieu politique terriblement susceptible aux influences extérieures. Dans une autre séquence particulièrement saisissante, ils découvrent, épouvantés, les mauvaises conditions de vie de lapins élevés pour être consommés, fruits d’un système qui réclame à tout le monde une plus grande production. L’éleveur en charge se justifie, rationalise, mais aucun de ses discours n’est aussi éloquent que la mine déconfite des deux adolescents. Une gêne plane dans l’air, l’incompréhension se lit dans leurs yeux — leur sincérité est évidente, et on ne peut qu’être sensible à leurs émois bien naturels devant cette situation.
D’autres rencontres font souffler un petit vent d’espoir. Des agriculteurs, des journalistes et des scientifiques (comme la célèbre anthropologue britannique Jane Goodall) offrent leur perspective sur le fonctionnement de la planète et son avenir. Chacun à sa manière d’appréhender ces questions : certains construisent leurs propres espaces de réinvention écologique, tandis que d’autres essaient de transformer le système de l’intérieur. Beaucoup sont favorables à une meilleure compréhension du monde animal. Faut-il considérer l’être humain comme une espèce parmi d’autres ? Faut-il prendre exemple sur la faune pour trouver un meilleur équilibre dans nos sociétés ? Ces questions, "Animal" les soumet non pas dans l’espoir de convaincre les climatosceptiques, mais plutôt pour faire germer certaines idées chez les personnes découragées par la situation actuelle.
"Animal" sort dans les salles belges le 8 décembre.