Chanson française

Dix ans après la mort de Georges Moustaki, sa fille Pia se souvient : "C’était un genre de grand frère, on s’amusait beaucoup"

Pia Moustaki

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Il y a dix ans que Georges Moustaki nous a quitté. Au micro de Serge Vanhaelewyn, sa fille Pia revient sur la vie de son père, ses chansons inoubliables, ses rencontres et leur relation.

Depuis toute jeune, elle n'a cessé de suivre son père. "Il m'a eue très jeune, il avait vingt ans. C'était un genre de grand frère, on s'amusait beaucoup", raconte-t-elle. "Il m'emmenait partout, il me faisait garder par des chanteuses dans un cabaret, par une serveuse dans un restaurant, j'étais un peu une enfant de la balle trimballée partout."

Son enfance à lui, elle commence le 3 mai 1934 en Égypte. Né à Alexandrie, Yussef de son vrai prénom grandit dans un environnement multiculturel. Son père est libraire francophone à Alexandrie et sa librairie est connue dans tout le moyen orient.

"Il y avait des personnalités très prestigieuses qui venaient dans sa librairie, et c’est comme ça que mon père a découvert les livres et la lecture, et aussi le français", raconte sa fille.

Un aspect littéraire qui reste dans sa peau : à son arrivée à Paris en 1951, il s’installe chez le poète Jean-Pierre Rosnay, lui aussi libraire. "Les jeunes comme mon père, et aussi Guy Bedos et d’autres, vendaient des livres en porte-à-porte. Ça a été son premier travail".

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Son nom de scène Georges, il le doit à Georges Brassens, qu’il entend chanter un soir. Pour lui, c’est alors une révélation et il lui rendra hommage.

"En fait c’est ma mère qui le lui a présenté. C’était une égérie des peintres de Montparnasse qui fréquentait beaucoup d’artistes. Elle lui a présenté Brassens, mon père lui a montré quelques textes et quelques chansons, et Brassens l’a beaucoup encouragé à écrire". De là sont nées une amitié et une carrière de chanteur pour Georges Moustaki.

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En 1958, c’est une rencontre avec Edith Piaf qui devient déterminante pour sa carrière et pour sa vie : "c’était un coup de foudre artistique et amoureux. Ils ont eu une liaison pendant environ une année, très intense, et Edith lui a demandé d’écrire une chanson comme elle demandait à tous ses amants et à tous ses amis. Il a griffonné sur un coin de table quelques mots, et il y avait le mot milord", raconte sa fille.

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Il deviendra aussi compositeur et parolier également pour d’autres grands artistes comme Barbara et Serge Reggiani, et en 1961 sort son premier disque en tant que chanteur avec la chanson Les orteils au soleil. C’est en 1968 que sortira son titre phare Le métèque qui rencontre un immense succès qui l’installe définitivement sur le devant de la scène aux yeux du grand public français comme international.

"Il a donné des lettres de noblesse à ce mot, comme Coluche avec enfoiré", considère Pia. "C’était un autoportrait. Il a fait le tour de toutes les maisons de disques de Paris, il a été refusé partout, sauf une, Polydor, qui lui a dit : un autoportrait de l’artiste ? Pourquoi pas, on essaie. Vous connaissez la suite."

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À l’occasion des dix ans de sa disparition, Universal vient de sortir un coffret de 3 CD intitulé L’album de sa vie, qui contient notamment 5 titres inédits de Georges Moustaki, dont une chanson écrite avec sa fille. Une réédition du vinyle original du métèque est également sortie à l’identique.

Warner a elle aussi rendu hommage au chanteur dans deux compilations de raretés de Georges Moustaki, à écouter sur les plateformes habituelles.

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