Né en 1998 à Paris de parents d'origine roumaine, et petit-fils du compositeur Henry Mălineanu, Dimitri Malignan commence le piano à l'âge de 5 ans avec Nicolas Horvath.
Enfant doué et curieux, Ludmila Berlinskaya, -disciple de Svjatoslav Richter-, l’accueille dans sa classe à l’Ecole Normale de Musique de Paris Alfred Cortot, alors qu'il n'a que 11 ans.
Musicien opiniâtre et volontaire, Dimitri obtient tous les diplômes décernés par l'Ecole, avec les plus hautes distinctions, jusqu'au Diplôme Supérieur de Concertiste - Prix Cortot 2017, dont il est le plus jeune lauréat. Musicien complet, il est également diplômé de Musique de Chambre, d'Histoire de la Musique, d'Analyse Musicale, d'Improvisation et d’Ecriture, ce qui lui permet aussi d’aborder sa passion pour la composition.
Depuis 2016 il se perfectionne aux Conservatoires de La Haye et d'Amsterdam (Pays-Bas) grâce à l’heureuse rencontre avec Naum Grubert.
En 2020, il obtient son Master à 22 ans, avec les notes les plus élevées au Conservatoire d’Amsterdam.
En 2018, fort de son Prix Cortot en 2017, il publiait son 1er enregistrement discographique chez Passavant, on y découvrait la 1ère Sonate pour piano opus 11 de Robert Schumann et une sélection de Suites, extraites de la musique de ballet de "Cendrillon" de Serge Prokofiev.
Quatre plus tard, Dimitri Malignan publie "Périgrinations" chez Hortus. Il s'agit à nouveau d'une production en piano solo, mais qui est cette fois intégralement consacrée à la musique de Jean-Sébastien Bach. Ce disque sera au coeur de notre émission aujourd'hui.
Et le pianiste de compléter : "Jean-Sébastien Bach fait partie de tous les cursus académiques, et je sais que pour certains, il s'agit d'un passage obligé dont ils essaient d'être quittes dès que possible. J'ai pour ma part toujours adoré jouer J-S Bach. C'est un compositeur que j'aime profondément depuis l'enfance. J'aime la diversité, la variété, la richesse et la dimension intemporelle de son oeuvre [...]
Dans sa nouvelle production "Périgrinations", Dimitri Malignan a eu l'intelligence de choisir des oeuvres pour piano de J-S Bach qui sont moins jouées, et par conséquent moins connues.
Il a ainsi soigneusement évité les grands monuments du Maître de Leipzig que peuvent être le Clavier bien tempéré, ou encore les Variations "Goldberg".
C'est ainsi qu'on découvre avec joie des pièces pour clavier un peu plus confidentielles, telles que l'Adagio en Sol Majeur BWV 968, une pièce en un mouvement de cinq minutes à peine, ou bien encore une Fugue chromatique, extraite de la Fantaisie en do mineur inachevée BWV 906. On peut aussi en ouverture de cette belle production, réécouter le Capriccio en Si bémol Majeur, BWV 992 "Sur le départ de son frère bien-aimé".
Enfin, le disque fait une belle place aux 15 Sinfonias - Inventions à 3 voix (ndlr. : BWV 787 à 801).
Tout au long de "Périgrinations", on est charmés par la sincérité et la sobriété du jeu de Dimitri Malignan : pas d'effets faciles, peu de pédale, et une attention permanente à la qualité de l'articulation. Laquelle confère à son jeu une lisibilité toujours bienvenue dans l'univers polyphonique et contrapuntique de Bach.
L'on prend plaisir aussi au toucher délicat et puissant du jeune artiste, qui est épaulé par un instrument exceptionnel, développé par Chris Maene, facteur de pianos, et le grand pianiste Daniel Barenboïm : le Steinway à cordes parallèles. Un instrument qui s'inspire de l'architecture des clavecins, qui ont toutes leurs cordes parallèles, et non croisées, comme les pianos modernes.
On évoquera aussi avec le jeune pianiste, la question de la musique de Bach au piano, et du fait de jouer "historiquement informé". Et le pianiste de poursuivre : "Même sur instrument moderne, on peut parfaitement jouer de manière historiquement informée ! Mon défi, et mon plaisir, c'est d'avoir une démarche historiquement informée, toute en étant personnelle, je ne pense pas que cela soit incompatible ! "
"Périgrinations" est un disque délicat, intelligent, sobre, et extrêmement soigné. On y découvre le Jean-Sébastien Bach qu'on aime : sans fard, ni artifice.
A n'en pas douter, Dimitri Malignan est un artiste déjà très mûr, et qui n'est qu'au début d'un chemin qu'on lui souhaite riche et lumineux.
Qui plus est, il est une personne charmante et généreuse, et à l'écoute de l'autre, des qualités que l'on retrouve dans sa musique à tout moment.
Bonne écoute !
Réalisation et présentation : Laurent GRAULUS