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Didier Reynders : "On doit éviter d’être noyés de véhicules électriques chinois" bon marché

Didier Reynders : « On doit éviter d’être noyés de véhicules électriques chinois » (Déclic - 13/09/2023)

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Par Sandro Calderon, Olivier Hanrion et Julie Morelle via

Les voitures électriques chinoises bon marché qui déferlent en Europe, les défis d’une Union européenne à plus de 30 Etats membres et le bilan d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission depuis quatre ans. Le commissaire européen, Didier Reynders a commenté les dossiers chauds de la rentrée lors du "Quart d’heure européen", dans Déclic ce mercredi 13 septembre.

Le Commissaire européen Didier Reynders à Stockholm, en Suède, le 21 juin 2023.
Le Commissaire européen Didier Reynders à Stockholm, en Suède, le 21 juin 2023. © AFP – PONTUS LUNDAHL

Une gommette verte pour Ursula von der Leyen

L’Union européenne a fait sa rentrée ce mercredi. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a prononcé le traditionnel discours sur l’état de l’Union devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg. Alors que les élections européennes approchent, l’heure était au bilan.

Et "le bilan est là", se félicite le commissaire Didier Reynders :"C’est à la fois la mise en place du pacte vert et de la transition numérique, les deux ambitions de la Commission depuis quatre ans. Mais c’est également la prise en charge de la pandémie, d’abord en investissant dans la recherche, puis en délivrant des vaccins et en lançant ce fameux plan de relance près de 800 milliards d’euros au niveau européen pour soutenir les plans de relance dans les États-membres".

Et quand l’Union européenne pensait que le pire était passé, le président russe Vladimir Poutine a décidé d’envahir l’Ukraine. Là encore, les Européens ont relevé le défi. "Le soutien à l’Ukraine est sans faille", souligne Didier Reynders, le commissaire à la justice et à la concurrence.

Le pacte vert, stop ou encore ?

Le pacte vert [European Green Deal] qui vise la neutralité carbone de l’Union européenne en 2050 est la véritable colonne vertébrale des politiques menées par la Commission von der Leyen depuis quatre ans.

À neuf mois des élections européennes, ce pacte vert est devenu le sujet qui divise. La droite veut appuyer sur le frein des réformes, alors que la gauche, elle, veut mettre le pied au plancher.

Dans son discours sur l’état de l’Union, Ursula von der Leyen a cherché à démontrer qu’elle pouvait trouver le point d’équilibre entre ces deux courants, sans laisser personne sur le bord de la route, ni les agriculteurs, ni l’industrie, ni les citoyens. Bref, elle s’est voulue confiante dans l’avenir.

Un optimisme partagé par Didier Reynders : "Avec une majorité au Parlement européen et avec une majorité dans les États membres, on doit pouvoir combiner la poursuite de cette transition verte du pacte vert avec un soutien actif aux entreprises."

En tant que commissaire à la concurrence, le libéral belge aura un rôle à jouer dans l’application du pacte vert, à travers les aides d’État accordées aux entreprises : "On facilite beaucoup les aides des différents États pour cette transition verte. Je pense notamment à l’investissement dans les batteries des véhicules électriques, dans l’hydrogène, dans l’énergie renouvelable en général, souvent en mettant des États membres ensemble pour réaliser un soutien à des développements. La Belgique participe, par exemple, à l’éolien offshore en mer du Nord avec d’autres États. Cette combinaison entre les objectifs que nous avons fixés dans le pacte vert et le soutien au développement d’un certain nombre de productions industrielles en Europe est tout à fait possible. C’est ce que la présidente de la Commission a mis en avant."

Face à la Chine, l’UE voit rouge

Ces aides d’État pourraient être également une des réponses européennes au "déluge" de voitures électriques chinoises bon marché en Europe.

Lors de son discours devant les eurodéputés, Ursula von der Leyen a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les subventions publiques que la Chine accorderait à son industrie automobile. Cette enquête pourrait aboutir à des droits de douane punitifs pour protéger les producteurs européens.

Cette enquête "dépend de mon collègue en charge du commerce, c’est plutôt le commerce extérieur. Il s’agit de vérifier si les règles internationales qui existent en matière de subsides sont respectées en Chine, dans la production de véhicules, parce qu’on veut éviter de se retrouver noyés dans des conditions inacceptables de véhicules chinois qui auraient été beaucoup trop subsidiés par rapport aux règles internationales, comme on l’a peut-être été à travers les panneaux solaires. Vous savez qu’aujourd’hui il n’y a pratiquement plus un panneau solaire qui n’est pas chinois sur le sol européen. Si vous voulez en installer chez vous, vous verrez, on vous proposera des panneaux solaires chinois. Et donc nous voulons travailler sur cela, vérifier qu’on n’importe pas des véhicules qui ne respectent pas les règles", indique Didier Reynders.

On veut éviter de se retrouver noyés dans des conditions inacceptables de véhicules chinois qui auraient été beaucoup trop subsidiés.

En tant que commissaire à la concurrence, Didier Reynders cherchera, lui, à favoriser le développement d’investissements en Europe. "Si on veut des véhicules électriques, il faut par exemple investir dans la fabrication de batteries. Si on veut des véhicules qui roulent à l’hydrogène, il faut produire ou traiter de l’hydrogène en Europe. Tout ce développement des nouvelles technologies va passer par des aides d’Etat. Mais en parallèle, nous voulons également certains moyens d’investissement au niveau européen. Sinon on va avoir des divergences et des écarts beaucoup trop forts entre les Etats membres."

L’élargissement, un parcours d’obstacles

Un autre défi de taille que l’Union européenne devra relever à l’avenir est la question de son élargissement. Une réforme des institutions va s’imposer : "On ne pourra pas continuer à travailler avec la même composition de la Commission, les mêmes règles de prise de décision. On doit faciliter une flexibilité", précise Didier Reynders. "La majorité qualifiée peut être encore revue dans un certain nombre de domaines et permettre que, pour beaucoup de décisions, on ne soit pas bloqués par un ou plusieurs États. Ce sont des mesures qu’il faudra prendre pour rendre plus performantes les institutions européennes quand on sera plus nombreux, peut-être plus de 30 un jour", détaille le Commissaire européen.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen lors de son discours sur l’Etat de l’Union devant le Parlement européen, à Strasbourg, le 13 septembre 2023.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen lors de son discours sur l’Etat de l’Union devant le Parlement européen, à Strasbourg, le 13 septembre 2023. © FREDERICK FLORIN / AFP

"Ursula von der Leyen l’a évoqué. Elle veut qu’on aille vers un changement de traité", rappelle Didier Reynders. "Mais on ne peut pas attendre la fin de la procédure de changement de traité pour commencer à parler d’élargissement. Donc les deux vont de pair. Ce sera d’ailleurs une tâche de la présidence belge du Conseil de l’Union (lors du premier semestre de 2024) de lancer ce débat sur la manière dont on va réformer les institutions."

Mais les candidats à l’adhésion auront aussi leurs devoirs à accomplir. "Il faut aussi se rendre compte que l’élargissement, c’est demander aux pays candidats de faire des réformes. Que ce soit en Ukraine, dans les Balkans ou en Moldavie, il faut aller vers une justice indépendante, une plus grande action de lutte contre la corruption, des médias libres, des journalistes protégés.

Et là, pour le commissaire belge, "il y a beaucoup de chemin à parcourir et c’est pour ça qu’Ursula von der Leyen a annoncé que nous allons étendre le rapport sur l’état de droit aux pays candidats. Ce que nous faisons déjà sur les 27, nous allons le faire à l’égard des candidats parce qu’il est important de montrer qu’on traite sur un pied d’égalité l’ensemble des partenaires, mais surtout de leur montrer que les réformes doivent être faites. Avec les pays candidats, on doit être très clairs. Ce sera un programme assez long, mais qui va être basé sur les mérites de chacun. Le pays qui se mettra en ordre, qui va vraiment respecter les valeurs européennes, aura à un moment donné accès à l’Union."

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