Contrairement à certaines superproductions de l’histoire du cinéma, les Diables Rouges sont en train de prouver qu’une deuxième trilogie peut parfois surpasser une première.
A condition de parachever le travail ce mercredi, les hommes de Martinez boucleront leur triptyque de septembre sur un sans-faute et une impression positive, là où leurs sorties du mois de mars ne leur avaient offert "que" 7 points sur 9, et surtout le sentiment que les choses auraient pu beaucoup plus mal tourner lors de cet inattendu printemps de Prague.
Vu l’interdiction de pénétrer sur le territoire biélorusse, c’est Kazan (à l’est de Moscou, plus que d’Eden…) qui abritera leur rencontre du soir. Une 12è en 3 ans sur le sol russe (qui dit mieux ?) dans une ville qui ravivera le souvenir de l’élimination du Brésil lors de la dernière Coupe du Monde, mais hélas pas dans le même stade…
Des changements en pagaille
Roberto Martinez l’avait annoncé, dévoiler 31 noms c’était prendre le parti que personne ne serait laissé à quai (ou sur le quai, comme aurait dit Elia…Kazan). Accepter l’idée que tous les cadres ne seraient pas non plus mobilisés pour les 3 matchs. A plus forte mesure si le 2è (le plus important) se soldait par le résultat escompté.
Gêné par son tendon d’Achille, Thibaut Courtois (brillant contre les Tchèques !) sera laissé au repos. L’occasion pour Koen Casteels de rattraper sa première (et, jusque ici, seule) titularisation loupée sous le maillot national : un but pris après 10 minutes, puis un remplacement sur blessure (une malencontreuse manchette à la mâchoire) lors du Belgique-Islande du 8 septembre 2020. Le gardien de Wolfsburg vaut bien mieux que cela et l’occasion sera belle pour lui de le prouver, contre une Biélorussie qui, sur base de ses deux derniers matchs, semble bien plus déterminée que lorsque elle s’était présentée en victime consentante à Den Dreef voici 6 mois.
Après le trio Denayer-Boyata-Alderweireld à Tallinn et le trio Vertonghen-Denayer-Alderweireld à Bruxelles, c’est une toute autre triplette qui sera alignée à Kazan. Vertonghen suspendu, Denayer et Alderweireld très probablement appelés à souffler, on devrait en effet assister au retour de Dedryck Boyata, à la grande première (pardon, deuxième) de Zinho Vanheusden (le probable futur patron du secteur) et à la titularisation de Leander Dendoncker du côté droit de la défense, comme il l’avait déjà fait en fin de match à Tallinn. Sauf si Martinez décidait d'effectuer une entorse aux principes qu'il a lui même édictés en alignant quand même Alderweireld et/ou Denayer, alors qu'ils ont joué les deux matchs précédents... Rien n'est impossible à partir du moment où chaque cas "fait l'objet d'une évaluation individuelle"...
Devant la défense, le toujours régulier Axel Witsel a été dispensé de voyage (il est l'un des 3 joueurs à avoir disputé l'intégralité des deux premiers matchs). En l'absence du Liégeois, Youri Tielemans (qui avait été privé d’Estonie) devrait être reconduit soit aux côtés du polyvalent, et finalement précieux, Hans Vanaken (mais qui a, lui aussi, joué deux matchs) soit, plus probablement, Dennis Praet, qui n’a pas encore eu droit à la moindre minute de jeu lors de ce rassemblement de septembre. Intéressant et audacieux lors de sa montée en fin de match à Tallinn, le Gunner Albert Sambi Lokonga pourrait également être une option, mais moins probable car Martinez entend assurer le résultat avant tout. L'heure de la "génération 2026" sonnera un peu plus tard...
Forme et polyvalence sur les flancs
Carrasco-Saelemaekers à Tallinn, Carrasco-Castagne à Bruxelles. Compte tenu des absences confirmées de Yannick Carrasco et de Thomas Meunier, rentré à Dortmund une semaine après son coéquipier Thorgan Hazard, qui pour meubler les couloirs au Tatarstan ? En toute logique, les postes devraient être attribués au polyvalent Timothy Castagne, qui a tâté des deux flancs avec une égale aisance, dimanche au Stade Roi Baudouin, et à l’ambitieux et offensif Alexis Saelemaekers à droite, pour conforter ses excellentes sensations du moment.
A moins que le sélectionneur ne surprenne tout le monde en jetant d’emblée dans la bagarre un Dodi Lukebakio (monté deux fois en fin de match) ou un Yari Verschaeren, revenu gonflé à bloc dans son escapade turque avec les Espoirs. Sans oublier Thomas Foket, qui finira bien un jour par recevoir sa chance comme titulaire…
Gagner…sans Lukaku
Pour la première fois de sa carrière en noir-jaune-rouge, Romelu Lukaku loupera donc un match de l’équipe nationale pour suspension. 3 cartes jaunes en 100 matchs, dont 2 prises lors des… deux derniers matchs, ça ne pardonne pas. L’attaquant de Chelsea rentrera plus vite au bercail, ce qui n’est probablement pas une mauvaise nouvelle pour lui ni pour son club… Ses deux remplaçants patentés, Christian Benteke et Michy Batshuayi joueront donc des coudes pour profiter de l’aubaine. Le premier n’a plus été titulaire en sélection depuis le 19 novembre 2019 contre Chypre, le second depuis le 30 mars 2021 contre...la Biélorussie, match qui l'avait d'ailleurs vu inscrire le but d'ouverture.
Derrière la pointe, il serait évidemment très tentant de profiter de la forme et du plaisir retrouvés d’Eden Hazard (parfois étincelant contre les Tchèques), mais Roberto Martinez prendra-t-il le risque d’offrir une 3è titularisation en 8 jours au capitaine des Diables ou le gardera-t-il plus sagement sur le banc, prêt à en bondir au cas où ? Dans ce deuxième cas de figure, deux postes prisés seraient à pourvoir. Sans doute pour Leandro Trossard, son remplaçant le plus naturel. Et pourquoi pas pour Charles De Ketelaere, the next big think escompté dans le secteur offensif…
Comme quoi, même en l’absence de De Bruyne, Doku et Mertens, il est encore possible de se poser des "problèmes de luxe". Preuve, comme le disait en son temps Roger Vanden Stock, que : "tout ne va jamais si bien, et tout ne va jamais si mal…"