Dès septembre, le droit à 20 séances de psy à 11 euros : cela ne concerne que les séances avec les psychologues cliniciens

C’est une petite révolution à laquelle on assiste dans le domaine de la santé mentale. Un accord est intervenu avec le gouvernement fédéral. Dès septembre, les patients pourront bénéficier de maximum 20 séances de psy au prix de 11 euros la séance. Une véritable avancée, la crise du Covid ayant sans doute permis d’accélérer les choses. Il faut dire que la santé mentale des Belges a été mise à rude épreuve.

Uniquement les psychologues cliniciens

Le gouvernement autorise 20 séances de psy par an à 11 euros, donc un accès plus simple à ces soins de santé. Mais lesquels exactement ?

Quentin Vassart, directeur de l’Union professionnelle des psychologues cliniciens francophones et germanophones, répond à nos questions.

Exit tous les coachs de vie

"Nous parlons exclusivement des psychologues cliniciens, qui sont des professionnels de santé reconnus depuis 2016. À ce titre-là, la convention décrit deux fonctions de soins psychologiques qui sont organisées de façon intégrée, donc des soins psychologiques de première ligne et une fonction de soins psychologiques spécialisés. Le point de départ, c’est vraiment de détecter le plus rapidement possible les besoins du patient et l’accent dans cette convention a été mis sur des soins multidisciplinaires et intégrés. Donc, incontestablement, ça va changer la profession du psychologue clinicien et le champ de la santé mentale également, puisqu’à partir du moment où vous avez des remboursements relativement conséquents chez des professionnels qui dispensent des soins de qualité, exit tous les coachs de vie ou autres personnes qui s’inventeraient psychothérapeutes."

Les psychologues cliniciens, pour être très clair, ce sont des gens qui ont un diplôme universitaire. "Oui, les psychologues cliniciens sont des gens qui ont fait cinq ans d’université et qui, à partir de 2022, devront réaliser une forme d’assistanat d’un an d’une pratique professionnelle supervisée pour pouvoir exercer la psychologie clinique de manière autonome. Vous disposez d’un visa pour pouvoir exercer comme tout professionnel de santé, et par la suite, vous devrez démontrer aussi que vous maintenez ces compétences au travers du temps, notamment au travers de la formation continue qui est indispensable dans notre métier."

Psychologie à deux vitesses

Ce nouvel accord, ce qu’il veut surtout c’est rendre plus facile aux soins de santé mentale l’accès, parce qu’il y avait pas mal de freins, principalement financiers. "Ces freins étaient, d’une part, financiers, puisque nous étions confrontés à une psychologie à deux vitesses. Nous avions des soins en santé mentale facilement accessibles financièrement au travers des services de santé mentale, mais qui étaient complètement débordés. Et d’autre part, nous avions des psychologues indépendants pour lesquels il n’y avait pas ou très peu de remboursements, et donc ça ne permettait pas l’accès aux plus démunis d’entre nous, qui, bien souvent, en ont le plus besoin. Ça, c’était le premier frein".

"Un autre frein majeur à l’accessibilité aux soins psychologiques, c’est vraiment le manque de lisibilité de l’offre de soins, puisque, on a un peu de mal, dans le champ de la santé mentale, à distinguer psychothérapeutes, psychanalystes, psychologues ou psychiatres. Là, clairement, par cette offre vraiment intégrée et multidisciplinaire, on va vraiment avoir une meilleure lisibilité de l’offre auprès de la population en détresse psychique. Et vous comprenez bien que lorsque quelqu’un est en souffrance psychologique, il est clair qu’il doit être dans les mains de professionnels responsables et compétents."

Neuf mois pour arriver à un accord

Quentin Vassart le confirme : la prise de conscience de l’importance de la santé mentale "évolue progressivement". "Il faut bien se rendre compte qu’il aura fallu neuf mois, après la première vague de mars 2020, pour parvenir à un protocole d’accord entre le gouvernement fédéral et les régions et communautés pour renforcer l’offre de soins de santé mentale, en particulier pour les groupes cibles vulnérables les plus touchés par la pandémie. Et puis, il aura fallu une deuxième grossesse pour accoucher de ce fameux accord dont on parle aujourd’hui, entre le comité de l’assurance soins de santé de l’Inami et chaque réseau de santé mentale, qui concerne le financement des fonctions psychologiques dans la première ligne, par le biais des réseaux, mais également par le biais de partenaires locaux ou multidisciplinaires."

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