Belgique

Des sans-papiers plantent symboliquement leurs tentes devant l’Office des étrangers

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Par Nicolas Kekatos

Environ 250 personnes ont marché, ce dimanche, depuis le campement de sans-papiers près de la porte de Ninove, à Molenbeek-Saint-Jean vers l’Office des étrangers, où des tentes en carton ont symboliquement été installées.

Fin du campement provisoire et marche vers l’office des étrangers

Vendredi dernier, 150 sans-papiers avaient installé un campement " de la régularisation " sur un espace vert jouxtant le canal. Leur but était de rendre visible leurs demandes de régularisation au moment où la Belgique organise l’accueil des réfugiés de guerre ukrainiens.

Said el Ouizi, militant sans-papiers et porte-parole du collectif " Zone neutre " explique l’action : " C’est une action qu’on amène avec trois différents collectifs sans-papiers pour réagir contre cette politique migratoire qui est en train de discriminer vraiment les sans-papiers.

La manière dont sont accueillis les réfugiés ukrainiens, c’est idéal. C’est la manière dont nous voudrions que tous les États membres de l’Union européenne s’occupent des migrants qui viennent demander de l’aide ".

Ils ont toujours eu et ils ont encore tout mon soutien

Les campeurs étaient tenus de quitter les lieux le 31 mars, selon l’accord convenu avec la bourgmestre de la commune, Catherine Moureaux, qui avait autorisé leur installation provisoire sur cet espace vert du territoire communal : " Ils ont tenu parole. Ils ont toujours eu et ils ont encore tout mon soutien. On ne peut pas oublier ces personnes et leurs familles ".

Une autorisation qui avait fait grincer les dents du secrétaire d’Etat à l’Asile, Sammy Mahdi, qui avait réclamé l’interdiction de son installation, se déclarant attristé par la comparaison faite par les occupants de ce campement avec la situation des réfugiés ukrainiens bénéficiant d’une protection temporaire accordée dans un cadre européen.

 

Une demande d’interdiction jugée " regrettable " par la mayeure socialiste molenbeekoise qui dénonce une utilisation politique : " Ce qui est malheureux dans cette histoire, c’est que monsieur Mahdi a essayé de faire croire à l’opinion publique qu’il s’agissait d’un nouveau Calais, or il ne s’agissait pas de ça. Il s’agissait d’une mobilisation en vue d’une manifestation. Les collectifs ont tenu parole. Je pense que l’utilisation politicienne de ce campement temporaire de trois jours par le secrétaire d’Etat est regrettable. Là, il n’est pas dans son rôle. Son rôle n’est pas d’opposer le malheur des uns au malheur des autres. "

On est tous des gens qui fuient quelque chose

Parmi les personnes présentes sur le campement, beaucoup attendent depuis des années, parfois plus de 20 ans, une régularisation de leur situation de la part de l’Etat belge.

C’est le cas de Maria, demandeuse d’asile brésilienne, qui dénonce une politique de traitement inégale selon la provenance des demandeurs d’asile : Pourquoi il y a cette séparation ? Il y a tellement de gens ici qui sont aussi des demandeurs d’asile qui ont fui leur pays à cause d’une guerre et qui sont ici depuis des années sans avoir jamais été régularisés. Tout le monde qui est ici, les sans-papiers, peu importe la raison, on est tous des gens qui fuient quelque chose ".

 

Partis vers 14 heures de la porte de Ninove, les sans-papiers, rejoints par plusieurs collectifs militants, ont marché jusqu’à l’office des étrangers, dénonçant le "deux poids, deux mesures" de la "politique migratoire injuste du secrétaire d’Etat Mahdi". Ils y ont symboliquement planté des tentes en cartons.

 

Mahdi se réjouit de l’arrêt du campement à Molenbeek

 

Le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi, s’est, quant à lui, réjoui de la fin du campement. Il a répété sa position dans ce dossier : que ce soit par l’organisation d’un tel campement ou par une grève de la faim, il ne se laissera pas contraindre à une politique régularisation plus souple.

 

"Nous continuons à traiter les dossiers de personnes en séjour illégal sur une base individuelle, comme il convient. Les activistes sans papiers viennent à 90% du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie. Comparer leur séjour illégal en Belgique avec les guerres en Syrie, Afghanistan ou Ukraine est particulièrement douloureux pour les nombreuses personnes qui fuient réellement devant la guerre", a-t-il déclaré.

 

 

 

 

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