C’est demain que se réunit la commission de concertation qui doit statuer sur la demande de permis d’urbanisme et d’environnement pour le creusement d’un nouveau tunnel pour le métro Nord. A la veille de cette réunion, plusieurs personnalités du monde académique se mobilisent pour demander au gouvernement bruxellois de changer de cap et de renoncer à ce projet qu’ils estiment démesuré au regard des bénéfices jugé, eux, maigres voire inexistants.
Le métro Nord devrait coûter 2,3 milliards d’euros (il était estimé à 1,66 milliard en 2017). Pour Frédéric Dobruszkez, professeur de géographie des transports à l’ULB, le ratio coût/bénéfice/risque est clairement défavorable. " On risque de se retrouver avec un métro beaucoup trop grand et capacitaire par rapport au nombre de personnes à transporter réellement ".
Car depuis le lancement du projet en 2009, la donne a changé. " La prudence invite à reconsidérer le projet à l’aune des conditions actuelles et prochaines de mobilité dans une société post-Covid où le télétravail est devenu la norme pour une partie des travailleurs une partie de la semaine ".
Dérapage budgétaire
Les signataires de cette carte blanche s’inquiètent aussi de l’éventuel dérapage budgétaire. Les prix des matériaux flambent, le sous-sol bruxellois regorge de surprises. " Et le surcoût est à charge de la Région bruxelloise et pas de l’Etat fédéral et donc ça c’est très important de le savoir car ça menace vraiment la situation financière de la Région bruxelloise ". Et donc, disent-ils, les autres politiques publiques, comme l’isolation des bâtiments ou encore la rénovation des logements sociaux. " Est-ce qu’on veut sacrifier l’ensemble des politiques régionales à ce seul projet dont, par ailleurs, on montre que son impact environnemental et son impact sur le report modal (le transfert de passagers de l’automobile, vers le transport public, ndlr) seront extrêmement faibles sinon nul ", précise Michel Hubert, professeur à l’université Saint-Louis et à l’ULB, spécialiste du transport et de la mobilité.
Les signataires appellent donc le gouvernement à renoncer à ce projet tant qu’il en est encore temps. Ou à tout le moins à prendre le temps de la réflexion pour réévaluer l’ensemble des options de manière dépassionnée et indépendante.