Belgique

Des proches de détenus s’inquiètent de décisions de plus en plus arbitraires en prison

Couloir de la prison de Marche-en-Famenne (illustration)

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Par Melanie Joris du service judiciaire

Des proches de détenus s’inquiètent de la situation dans les prisons de notre pays. Ils dénoncent l’arbitraire et l’incohérence dans la gestion de la crise sanitaire, mais aussi la surpopulation carcérale qui rend les conditions de vie de plus en plus difficiles. Un constat partagé par la section belge de l’Observatoire International des Prisons (OIP) qui dénonce une situation intolérable.

Les exemples d’incohérence sont nombreux. La décision de mise en quarantaine d’une aile ou de l’ensemble de la prison est prise selon des règles différentes d’une prison à l’autre. Il est également arrivé que des détenus positifs soient remis en cellule avec un ou des codétenus négatifs. Ou encore qu’un détenu positif soit rappelé pour effectuer ses tâches en cuisine alors que sa contamination au Covid était connue.

Quant aux visites, là aussi, les griefs sont nombreux. Celles-ci sont parfois annulées en dernière minute ou raccourcies considérablement (d’une heure normalement autorisée à 20 minutes). Sur la modalité de la visite, les règles varient souvent d’une équipe à l’autre. "Un jour, on doit porter le masque. Un autre jour, on peut l'enlever. Un jour, on peut se toucher. Le lendemain, on ne peut plus. On nous dit qu’on ne peut ni boire ni manger, mais les agents le font devant nous. Sans parler du fait que les agents portent mal leur masque", critique une proche de détenu.

Les familles de détenus tirent clairement la sonnette d’alarme. "Les détenus sont restés bien tranquilles depuis deux ans. Mais ceux qui n’ont rien à perdre ont parfois envie de mettre le feu. Nous, les familles et les proches, nous servons de tampon, mais c’est très difficile. Nous vivons dans un stress et une pression permanente", nous confie une mère de détenu.

Les décisions sont aléatoires, arbitraires, mouvantes

Ces constats sont partagés par la section belge de l’Observatoire International des Prisons (OIP). Marie Berquin, avocate et vice-présidente de l’OIP : "les décisions prises en raison de la crise sanitaire sont différentes, aléatoires, relativement arbitraires et très mouvantes d’une prison à l’autre", observe-t-elle.

Au début de la crise, l’OIP pouvait comprendre que certaines décisions devaient être prises et pouvaient être aménagées au jour le jour. Deux ans après, ce n’est plus tolérable selon l’Observatoire. "Aujourd’hui, on ne peut plus dire qu’on est dans l’urgence. Il aurait dû y avoir des procédures mises en place, des règles claires pour tous les détenus et ce n’est pas le cas", regrette Marie Berquin.

Les proches de détenus comme l’OIP soulignent un autre problème qui règne en prison, celui de la surpopulation carcérale. Alors qu’au début de la pandémie, des congés pénitentiaires avaient été attribués pour vider un peu les prisons, cette mesure n’a pas été reconduite au cours des deuxième, troisième et quatrième vagues. C’est même le contraire puisque, bientôt, toutes les peines, même celles inférieures à trois ans, devront être effectuées. Cela va provoquer un nouvel engorgement des prisons et une surcharge de travail pour des agents pénitentiaires déjà en sous-effectif. Un contexte qui n’est pas de nature à rassurer familles et avocats de détenus.

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