Disney s’est récemment associé au duo de photographes Creative Soul Photography pour proposer des poupées noires à l’effigie de ses célèbres princesses. Cette initiative et celle de Maéva Tchibinda, créatrice du jeu de cartes Afrö où les dames, les valets et les rois sont noirs ou métisses, contribuent à démontrer l’enjeu qu’est la représentation.
Après avoir choisi Halle Bailey pour incarner la Petite Sirène et avoir dévoilé sa première héroïne en surpoids, Disney fait un pas de plus en faveur de l’inclusivité et d’une représentation plus juste de la société. Le géant qui a eu l’habitude de ne proposer que des héroïnes blanches s’est associé au duo de photographes Creative Soul Photography, formé par Régis et Kahran Bethencourt, afin de concevoir des poupées noires à l’effigie de ses célèbres princesses. Ainsi, Cendrillon, Raiponce, Tiana et même Blanche Neige existent en version avec mélanine et sont en vente sur le site de Disney. Arborant leurs cheveux naturels et vêtues de robes dont les motifs rappellent ceux des pagnes, elles font honneur au monde de Disney mais aussi à la mode africaine.
Comme le souligne Creapills, le but de Régis et Kahran Bethencourt est "de transmettre des valeurs qui leur sont chères et toucher les petites filles noires pour leur démontrer qu’elles peuvent aussi être de magnifiques et inspirantes princesses". Un rappel important car comment ne pas penser au célèbre test de la poupée de Mamie et Kenneth Clark lorsqu’il s’agit d’assimiler la mélanine, les poupées et la représentation ?
"Le test de la poupée" de Mamie et Kenneth Clark, un couple de psychologues afro-américain, a joué un rôle crucial dans le processus de décision visant à imposer la fin de la ségrégation dans les écoles publiques américaines, comme le rapporte le média Nofi. Les deux arrêts "Brown versus Board of Education" de la Cour Suprême datant de mai 1954 et mai 1955 qui dénoncent la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques en découlent.
L’expérience consiste à poser des poupées blanches et noires (généralement 2) devant un enfant et à lui poser une série de questions telles que "Laquelle est la plus belle ?", "Laquelle te ressemble ?", "Laquelle a l’air d’avoir bonne mine ?", "Avec laquelle préférerais-tu jouer ?"… Lorsque ladite expérience a été menée la première fois dans les années 40, les réponses des enfants noirs du sud et du nord des USA étaient assez similaires : 67% préféraient jouer avec la poupée blanche d’après Nofi, 17% ont trouvé que la poupée blanche avait mauvaise mine et pas moins de 59% ont désigné la poupée noire lorsqu’il fallait en associer une à la laideur. Si ce dernier résultat est préoccupant, c’est surtout la réaction des enfants noirs qui ont dû montrer quelle poupée leur ressemblait qui a permis au Dr Kenneth Clark de tirer une conclusion. En effet, face aux enfants qui ont fondu en larmes, il a pu affirmer qu’ils souffraient d’un racisme intériorisé ayant inéluctablement un effet direct sur l’estime de soi.
Force est de constater qu’on n’a pas énormément avancé car le fameux test de la poupée montre encore des résultats similaires, comme on a pu le voir dans le récent documentaire "Noirs en France", par exemple. Montrer aux petites filles noires qu’elles aussi ressemblent à des princesses pourrait contribuer à obtenir des résultats plus satisfaisants d’ici quelques années.