Plus de 35.000 le jeudi, plus de 70.000 le dimanche… Combien de jeunes jeudi prochain ? Combien lors d’un prochain dimanche ? Les protestations en faveur du climat se multiplient et touchent désormais l’ensemble du pays.
De quoi bousculer les certitudes des partis politiques à quelques encablures d’élections capitales.
Pas vu venir
Un peu à l’instar du mouvement des "gilets jaunes", la classe politique a raté ce mouvement, même si cette fois aussi, les revendications sont loin d’être nouvelles. Consternation aussi dans la plupart des états-majors de parti : ce mouvement apolitique, à l’appel d’aucune organisation reconnue, vient accréditer ce qu’une famille politique défend depuis 40 ans et que toutes les autres ont généralement peu ou prou dénigré. A quatre mois d’un scrutin multiple, cela peut rendre nerveux.
Même si la protestation est éminemment politique, il est difficile pour le gouvernement fédéral (déjà démissionnaire) de considérer tout cela comme une action purement politique, comme lorsque l’équipe Michel commentait les manifestations d’une ampleur similaire organisées par le front commun syndical. Pourtant, il n’y pas fondamentalement de différence entre des citoyens inquiets de voir leur carrière allongée et d’autres (ou les mêmes) inquiets du réchauffement climatique.
Le mouvement est populaire, il convient dès lors pour les partis de ne pas le heurter.
Récupérer
À présent, chacun essaie, de manière un peu enfantine, d’accompagner le mouvement, un peu comme un candidat en campagne se faisant prendre en selfie avec une célébrité !
Pourtant, le mouvement actuel consacre l’échec d’une génération politique, celle qui justement prétend s’attirer leurs suffrages.
Certes, l’inquiétude manifestée reste souvent chaotique, sans revendications immédiates claires et la Belgique seule, ne peut rien pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais elle pointe aussi la principale responsabilité politique : l’incapacité de voir plus loin qu’une seule législature. Le "court-termisme congénital de la classe politique est incompatible avec un politique du climat ambitieuse. Adopté en 2003, la sortie du nucléaire initialement prévue pour… 2015, en restera une des preuves.
La pérennité du système des voitures des sociétés, le désinvestissement dans le rail (près de trois milliards de moins sous cette législature), une taxation accrue du diesel conçu avant tout pour financer le taxshift, les blocages de la N-VA sur la réduction des gaz à effet de serre pour ménager la zone industrielle d’Anvers, une des plus polluées du monde, des partis qui mettent plus d’un an et demi uniquement pour une réforme institutionnelle improbable, etc. Cela ne représente que quelques exemples de vue à (très) court terme.
Le monde politique belge se retrouve à courir après sa population, même s’il est très probable que cela soit aussi, plus par crainte d’un triomphe d’Ecolo et Groen aux élections de mai, que par une réelle appréhension des problèmes climatiques planétaires. Subir les affres du climat politique.