Ysaline Bonaventure s'est extirpée des qualifications et a intégré le tableau final à Saint-Pétersbourg. La Liégeoise s'est imposée en trois sets contre la Britannique Katie Boulter : 6-7 (3), 6-4, 6-2.
"Tellement fière de ce match gagné au mental ! Après avoir été menée 7-6 4-2 balle de 5-2, j’ai réussi à inverser la tendance et à remporter le match 6-3 au troisième! Première qualification dans un 850 000! En attente du tirage au sort, qui devrait sortir dans quelques heures", écrit-elle sur sa page Facebook.
"Au premier tour je vais jouer contre Siniakova, une Tchèque qui est 38e mondiale. Je me suis prouvé que je pouvais gagner contre des filles mieux classées que moi. Tout est possible. Je vais continuer sur cette lancée. Je ne me suis jamais aussi bien sentie. Le travail physique des derniers mois paie".
Après cette victoire à l'arrachée, Bonaventure a dénoncé les messages de menaces dont elle fait régulièrement l'objet de la part de parieurs mécontents. "Je n'en avais parlé. Là je fais un très bon début d'année et les messages sont encore plus nombreux qu'avant. Je me dis que malgré mes bons résultats, je reçois les messages quand même. J'avais envie de montrer aux gens que les réseaux sociaux étaient vraiment devenus un monde bizarre. On peut envoyer des messages à qui on veut ... c'est devenu malsain".
Les sportifs sont particulièrement exposés et "accessibles". "Tout le monde peut nous envoyer des messages sur nos pages athlètes, sur Instagram, Twitter, Facebook ou même par e-mail. On reçoit des messages de personnes qui misent de l'argent sur nos matches ... que l'on gagne ou que l'on perde. Et ils ne sont pas spécialement contents de perdre de l'argent. Ils nous envoient des insultes, des menaces de mort, ou des photo-montages de notre corps dans un cercueil, de notre tête coupée et pleine de sang ou de nos parents pendus à une corde. Des choses assez spéciales."
"C'est difficile de faire quelque chose contre ça"
Selon la 148e mondiale, c'est devenu "systématique". "On début c'était assez choquant. Je prenais du temps pour lire les messages. Maintenant, j'ai appris à faire abstraction et à ne plus faire attention parce que quoi que je fasse, les messages je les recevais. Je ne les lis plus. J'ai la chance de ne pas trop mal le prendre et de pouvoir vivre avec. Mais je suis sûr que certains joueurs ou joueuses doivent très mal le supporter."
"C'est difficile de faire quelque chose contre ça", regrette notre compatriote. "Ce sont des gens qui créent des faux profils sur les réseaux sociaux. On a beau les signaler à la WTA ou sur les différents réseaux sociaux ... ils recréent des comptes et continuent à nous envoyer des insultes ou des menaces."
"On joue au tennis et ce qui se passe derrière ce n'est pas notre problème"
De temps en temps, Ysaline prend la peine de répondre. Ce qui n'est pas nécessairement la bonne réaction. "Parfois les gens se rendent compte qu'ils sont absolument débiles et qu'ils nous ont insultés pour de l'argent. Ils finissent par nous dire : tu n'es pas si méchante que ça, je suis vraiment désolé de t'avoir envoyé ce message. Mais parfois, quand on a le malheur de répondre, on se fait encore plus insulter".
Le contenu des messages est parfois brutal : "à cause de toi, je ne vais pas pouvoir nourrir ma famille" ou "ma famille est dans la rue à cause de toi". "On ne demande pas aux gens de miser sur nos matches. On sait qu'il y a beaucoup d'argent en jeu. Mais on ne peut pas le contrôler. On fait notre job. On joue au tennis et ce qui se passe derrière ce n'est pas notre problème", conclut-elle.
Alors comment protéger les joueurs contre ce type de menaces ? Erik Libois a posé la question à Pierre Delahaye, le secrétaire général de l'Association Francophone de Tennis. Qui confirme l'existence de ce fléau, jusque dans les plus petits tournois....