"Assez/Genoeg!" était le principal slogan brandi par les manifestants. "Combattre pour nos droits", "Moins de pension? Plus de salaire", pouvait-on également lire. Des pétards étaient régulièrement actionnés.
Les militants syndicaux dénonçaient les coupes dans les services publics opérées par le gouvernement fédéral.
Enseignants en nombre, pompiers applaudis, gardiens de prison "écœurés"
De nombreux enseignants du nord du pays étaient présents. Pompiers, gardiens de prison, cheminots ou membres de l'administration étaient venus scander leur malaise quant au "détricotage" des services publics.
Les enseignants dénoncent une pression au travail de plus en plus forte, tandis que les possibilités d'interruption de carrière sont réduites en Flandre et que les effectifs sont réduits, selon Raf Waumans de la COC Onderwijs. "Les conditions de travail sont de plus en plus mauvaises", selon une enseignante originaire du Center.
Au bord du cortège, des pompiers affiliés à la CSC affichaient leur désarroi quant à la réforme des services d'incendie. Le passage à de nouvelles zones géographiques de secours se fait "dans la douleur", affirmait Stéphane Bosteels, sapeur-pompier du Brabant wallon (CSC). "Auparavant, lorsque deux pompiers se rencontraient, ils parlaient des interventions. Aujourd'hui, ils discutent des problèmes", disait-il, alors que des manifestants d'autres secteurs applaudissaient le groupe de secouristes.
Environ 500 policiers affiliés au syndicat indépendant SNPS étaient également présents. "Les agents sont mis à toutes les sauces", regrettait Thierry Acton, l'un d'entre eux. Affectés à la problématique des migrants, puis à la surveillance du terminal Thalys avant d'être mis à disposition des métros bruxellois... "C'est de la poudre aux yeux des citoyens. Il n'y a pas de vrais engagements, ce sont toujours les mêmes policiers utilisés dans l'urgence d'une situation."
Gardiens "écœurés"
Plus loin, quelques gardiens de prison affiliés à la CGSP se disaient "écœurés" par leur situation, alors que les syndicats flamands et le SLFP ont accepté le protocole d'accord proposé par le ministre de la Justice lundi, malgré le refus de la CSC et de la CGSP.
Les plus énergiques étaient sans doute les agents de la SNCB, remontés après la déclaration du ministre fédéral Alexander De Croo sur la recherche d'un partenaire privé pour la société ferroviaire.
Parmi les militants de la CSC Transcom se trouvaient également des agents de bpost venus défendre un service public "égal" pour tous les citoyens, selon Eric Loones, permanent régional. Flexibilité accrue, manque de formation et augmentation des volumes de colis ponctuent le quotidien des postiers, "toujours au bénéfice de l'actionnariat".
Le cortège a emprunté le boulevard du Jardin Botanique, la porte de Schaerbeek, le boulevard Bishoffsheim, le boulevard du Régent jusqu'à la porte de Namur, la rue de Namur, la place Royale, la rue Montagne de la Cour, le Coudenberg et le Mont des Arts.
"Les services publics ne sont pas une variable d'ajustement"
"On est plus que 10 000: on est 12 000. Notre signal aujourd'hui est clair: on en a assez!", a déclaré Luc Hamelinck, président de la CSC Services publics, sur le podium installé place de l'Albertine. "La politique négative envers les services publics doit prendre fin. Charles Michel dit vouloir la concertation sociale, mais où est cette concertation?"
"Les services publics ne sont pas une variable d'ajustement mais une source d'espoir, d'investissement, au service de toute la population", a ensuite poursuivi Eugène Ernst, secrétaire général de la CSC Enseignement. "Nous ne voulons pas que les jeunes soient obligés d'attendre avant de trouver du travail parce qu'on nous fera crever au boulot!"
"Non monsieur Michel, non monsieur Bacquelaine, nous ne vous croyons plus. Vous êtes des menteurs!", a ajouté Eugène Ernst sous des applaudissements nourris.
"Raboter nos pensions, c'est raboter notre salaire"
"Nous voulons une politique équitable, un travail faisable et un salaire juste", a enchaîné son homologue de l'aile flamande de la CSC Enseignement, Marianne Coopman.
"Raboter nos pensions, c'est raboter notre salaire. On nous avait promis de ne pas diminuer le montant de nos pensions. Nous demandons aux hommes politiques du respect, et de faire ce qu'ils disent", a enfin imploré Jos Van Der Hoeven, secrétaire général de la centrale Enseignement de l'aile flamande de la CSC. Le mois de juin sera décisif pour la suite des actions syndicales, a-t-il souligné.
La manifestation s'est clôturée en début d'après-midi. Les manifestants se sont dispersés et ont regagné les bus à proximité de la place de l'Albertine. Quelques cheminots continuaient tout de même de prononcer, dans le calme, leurs slogans, tels que "De l'argent il y en a mais il est au Panama".