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Transversales

Des jeunes en séjours de rupture au Maroc avec l’asbl liégeoise "Vent Debout"

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Dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, des associations proposent à des adolescents de 15 à 18 ans un séjour éducatif en rupture avec leur quotidien, sur mandat de l’Aide à la Jeunesse, et pour leur éviter l’IPPJ. C’est le cas de l’asbl liégeoise Vent Debout, active au Maroc. Transversales a suivi l’expérience de trois adolescents. L’objectif de leur séjour : quitter ses habitudes pendant 3 mois pour mieux rebondir !

Les jeunes vont donc mettre une pause à leurs addictions diverses (smartphone, aussi alcool ou drogue) pour se plier au train de vie local et réaliser quelque chose de leurs mains. Une seconde chance qui leur est offerte.

Pourquoi le Maroc ?

Le Maroc est une autre culture qui permet d’ouvrir d’autres possibilités dans les rencontres, dans les réflexions au niveau de leur position au sein de la famille et, au-delà, au sein de la société.

L’association liégeoise Vent Debout organisait déjà des randonnées dans divers pays. Puis, l’Administration a proposé de créer des séjours de rupture proprement dits.

Direction donc Larach, ville portuaire à 30 km au sud de Tanger. C’est là que nous rencontrons trois jeunes dans trois lieux : une ferme pédagogique, une école pour enfants handicapés, une famille d’accueil.

Du recyclage total

Saïd, Belgo-marocain de 41 ans et référent, nous y guide. Ici, une des tâches est de remplir des bouteilles en plastique de sable afin de construire un espace pour protéger la piscine d’eau de pluie du soleil afin d’arroser le potager et faire la vaisselle. Mais cela n’a pas seulement un effet sur les jeunes. Pour Saïd, "C’est du recyclage total. Pour nous, c’est aussi important que le fermier voit la tactique et commence à ramasser aussi les bouteilles en plastique". Il pourrait ainsi construire un espace pour son bétail.

Et que pense John, un jeune de 17 ans, de cette technique ? "Avant de venir ici, je ne pensais pas que c’était possible. Mais c’est une belle découverte. C’est bon pour le recyclage". L’adolescent trouve tout de même le travail difficile, mais il devient philosophe : "On s’y fait. Quand on veut, on peut".

John est arrivé à Larach à la suite d’un problème de drogue. "J’avais la flemme. Maintenant que je ne fume plus, je peux vaquer à des occupations plus grandes" et il ajoute : "J’ai appris beaucoup la patience"Il a appris aussi la valeur de l’argent. John est très fier de ce qu’il est devenu en quelques semaines grâce à ce séjour.

Une nouvelle chance

Des jeunes aident également une éducatrice de l’association dans une école pour enfants handicapés. C’est le cas de ‘Shégué’, 15 ans. L’adolescent est sorti après quinze mois en IPPJ pour avoir poignardé une personne – mais il y retournait sans cesse et restait sans projets. Il reconnaît que ses parents ne sont pas présents pour lui.

Durant les premiers jours à Larach, il était triste car il n’était pas habitué à voir des personnes inconnues. "Au début, tu ne dis pas que tu es au Maroc. Ça me prend la tête ; je suis ici à cause de la juge. Puis, tu t’adaptes". Il reconnaît la chance que lui donne la juge. Maintenant, il déclare "J’aime beaucoup les enfants. C’est comme si c’étaient mes petits frères et sœurs […] Je m’adapte à leur handicap. Je les prends dans les bras".

Travaux manuels et… initiation au surf

Deux Marocains, éducateurs et/ou moniteur de surf, travaillent depuis 16 ans avec les jeunes de l’asbl Vent Debout. Ils les emmènent dans les salines pour y travailler traditionnellement, mais aussi planter des bananiers… Et, le week-end, ils les initient à divers sports nautiques. Les jeunes réalisent aussi des travaux manuels comme la poterie, des chaises en bambou ou de la couture pour raccommoder une tenue de surf. C’est à ce moment que nous rencontrons la jeune ‘Skayna’, 18 ans.

De père inconnu et élevée par ses grands-parents, elle n’allait pas à l’école le matin car elle ne savait se lever à cause de son activité tardive son téléphone portable… Donc, son objectif principal du séjour : pouvoir se lever le matin. "Et maintenant, j’y arrive", dit-elle. Pour elle, le séjour, "c’est plus une rupture technologique".

Avant de partir : un entretien préliminaire

Ils sont 5 jeunes de façon concomitante à Larach. Ils doivent tous passer un entretien préliminaire en Belgique, à Liège, auprès du coordinateur de l’association Vent debout, Thierry Deprez.

Pour la tranche d’âge requise, il précise : "15 ans est l’âge minimum pour effectuer un séjour à l’étranger, et 18 ans, c’est malheureusement l’âge limite avant de passer dans la majorité".

Certains ont commis des infractions, d’autres doivent être protégés de leur milieu de vie, d’autres encore doivent retrouver des objectifs dans leur vie. Des jeunes sont en décrochage scolaire, voire n’ont même pas le CEB…

A part ceux avec de lourds problèmes psychiatriques ou qui dépendent fortement des drogues et qui, eux, doivent avoir un accompagnement spécifique, tous les jeunes peuvent être pris en charge.

Ces séjours d’éloignement, de mobilisation contribuent à la formation de leur personnalité et c’est là qu’on rentre dans le jeu avec eux.

D’autres associations travaillent avec le Bénin ou le Sénégal.

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