En découvrant le contenu du matériel pédagogique fourni à son fils, élève de 6e primaire dans une école bruxelloise, le sang de Caroline Van Wynsberghe n’a fait qu’un tour. Cette politologue, professeure d’université jusqu’à récemment, relève une vingtaine d’erreurs, d’approximations ou de raccourcis dans "La leçon G7" extraite d’un manuel sur les institutions de la Belgique.
Bruxelles presque absente, des bourgmestres élus "par le peuple"
"La Région bruxelloise est gérée par les Communautés wallonnes et flamandes" explique le manuel. C’est évidemment un raccourci et une faute politique. S’il existe bien, en région bruxelloise, un mécanisme de représentation garantie de la minorité flamande tant au sein du gouvernement que du parlement, Bruxelles est gérée par des Bruxellois et dispose d’une large autonomie constitutive depuis 1989. "Je ne crois pas qu’un seul mandataire bruxellois laisserait passer ça", explique Caroline Van Wynsberghe. Qui embraie avec le passage relatif à l’élection des bourgmestres. Si le système wallon diffère du mécanisme prévalant à Bruxelles et en Flandre, rien ne permet d’affirmer que le bourgmestre est "élu par le peuple".
A Bruxelles, le bourgmestre est choisi par le conseil communal après avoir été présenté sur une liste rassemblant les signatures des élus soutenant sa candidature (pour faire simple). Autre erreur relevée par Caroline Van Wynsberghe : la sécurité sociale ne garantit pas l’accès à un logement. Le document parle aussi de "Communauté wallonne" et mentionne l’existence des dix provinces en omettant l’existence de la Région de Bruxelles-Capitale.
Quel contrôle sur le contenu des manuels scolaires ?
Les nombreuses erreurs émaillant le manuel invitent à se poser la question du "contrôle de qualité" exercé par les différents pouvoirs organisateurs. WBE (Wallonie-Bruxelles Enseignement) "a mis en place un processus de validation pour les manuels produits par nos conseillers pédagogiques et nos formateurs selon les nouveaux programmes et les demandes qui nous reviennent du terrain. Plusieurs relectures (relecture administrative, orthographique, formelle et relecture de fond) sont ainsi effectuées par un comité regroupant des membres des personnels en charge de ces matières, mais aussi des experts externes, pour assurer la validation de nos productions avant diffusion".
Au cabinet de la Ministre de l’Enseignement, Caroline Désir, on explique que la situation diffère selon que le manuel scolaire figure ou non dans le "Catalogue Manolo" et bénéficie ou non d’une subvention. Si tel est le cas, l’éditeur du manuel doit signer une charte et assumer la responsabilité du contenu. En cas d’erreur, l’éditeur peut perdre sa subvention et le manuel sera sans doute retiré des écoles.
Si, au contraire, le matériel pédagogique n’est pas subventionné, il revient alors aux différents pouvoirs organisateurs (comme les communes ici en l’espèce) d’en vérifier le contenu. Tout ceci ne met pas les écoles à l’abri de l’initiative individuelle d’un.e enseignant.e qui choisirait sa propre documentation et passerait à côté d’éventuelles erreurs.
Heureusement, dans certains cas, les élèves et les enseignants peuvent compter sur la vigilance des parents. Dans le cas présent, l’éditeur a reconnu son erreur et demandé à Caroline Van Wynsberghe si elle était d’accord de relire et corriger la prochaine édition du manuel sur les institutions belges.