Des données médicales provenant de certains hôpitaux belges s’échappent en Russie, ont révélé nos confrères du journal Le Soir et du magazine Médor dans une enquête commune. Des données d’hospitalisation dites "sensibles", voire "très sensibles" se retrouvent actuellement dans les bureaux d’un sous-traitant de la société américaine 3M installés en Russie et ce transfert ne serait pas organisé en respectant l’ensemble des garanties prévues par le règlement général sur la protection des données (RGPD).
Quatre-vingt-trois hôpitaux belges utilisent un portail de benchmarking, c’est-à-dire un logiciel qui permet aux hôpitaux d’analyser la qualité des traitements, des soins et l’efficacité de la gestion hospitalière. En 2003, c’est la société américaine 3M, par sa filiale belge, qui a développé ce programme dans le but d’améliorer la collecte de données et de comparer les performances des hôpitaux.
Pour obtenir ces logiciels, les hôpitaux concluent des contrats onéreux avec la société 3M. Et c’est dans ces contrats qu’il y a plusieurs problèmes. "Le premier, c’est le vocable. On peut lire qu’il s’agit d’un transfert de données privées, mais on ne sait pas de quoi il s’agit. La dénomination 'données privées' peut représenter beaucoup de choses… Le deuxième problème, quand on approfondit la lecture du contrat, est que la société 3M sous-traite une partie des données avec une autre société américaine, dont une partie de l’organisation se situe en Russie", explique Jean-Marc Van Gyseghem, avocat spécialisé dans la protection des données personnelles, qui a pu analyser des contrats passés entre les hôpitaux et 3M.