La police néerlandaise a présenté, ce lundi, une nouvelle recrue un peu particulière. Elle s'appelle Hunter et... c'est un aigle de 2 ans. Particularité: il a été entraîné à intercepter des drones. Il a été spécialement formé pour cela pendant plusieurs mois.
Hunter a été présenté lors d'une démonstration qui mettait en scène une rencontre entre dirigeants hauts placés. Une rencontre qui nécessite un important dispositif de sécurité. Tout à coup, un drone surgit à la surprise générale. L'objet est considéré comme une potentielle menace. Les VIP sont évacués en voiture. Hunter s'occupe, lui, du reste.
Quelques secondes plus tard, l'engin gît parterre.
En cas de risque d'attaque
C'est évidemment une fiction, mais selon la police néerlandaise, le scénario est plausible. "On pourrait y recourir lors d'évènements qui attirent beaucoup de gens, ou lors de visites de dignitaires étrangers. En fait, dès qu'il y a un risque d'attaque à l'aide d'un drone", explique Michel Baeten, le chef des opérations de la police néerlandaise. Mark Weibes, commissaire de police, ne dit pas le contraire. Les drones ont déjà posé problème aux forces de police. "Nous avons eu plusieurs cas de drones qui volaient trop près d'avions. On s'attend à ce qu'il y en ait de plus en plus. Les gens achètent ça comme des jouets, mais certains les utilisent au mauvais endroit et au mauvais moment."
De la viande attachée aux drones
La police néerlandaise refuse de préciser combien de rapaces elle a acquis. Au moins deux adultes et quelques aiglons, aujourd'hui âgés de 5 mois. La phase de dressage dure, elle, sept à huit mois. L'aigle qui a commencé à être formé fin 2015 est donc aujourd'hui opérationnel. "Nous allons entraîner une centaine de policiers et nous pourrons commencer à utiliser nos propres oiseaux dès l'été prochain", explique Dennis Janus, le porte-parole de la police nationale. Le truc des dresseurs? Attacher des morceaux de viande sur le drone, une fois sur deux. Les animaux perçoivent alors le drone comme une proie et s'y attaquent.
Risqué?
Le recours aux aigles pour neutraliser les drones a toutefois ses détracteurs. Certains estiment cette méthode pas assez fiable. Un argument que réfute Michel Baeten. "Pendant l'entraînement, nous avons observé que les aigles étaient efficaces dans environ 80% des cas. L'utilisation d'oiseaux de proie est probablement la mesure la plus efficace pour gérer les drones", dit-il. Pendant la démonstration, Hunter a tout de même raté son objectif plusieurs fois...
Scénario catastrophe
D'autres estiment qu'avoir recours aux aigles, c'est prendre le risque de les blesser. "Pendant la période de tests, aucun des aigles n'a été blessé", explique Michel Baeten. "Nous avons testé l'effet des hélices sur les pattes des oiseaux. Nous nous sommes rendus compte que ce type de drone ne les blessait en aucun cas. Nous testons tout de même des gants en kevlar pour les protéger lorsqu'ils devront s'attaquer à un autre type de drone, des gants de protection en somme".
Des gants qui ne pourront pas grand chose si le drone transporte une bombe, un scénario catastrophe que les dresseurs ont imaginé mais qui constituerait, selon eux, une exception. La police envisage d'autres systèmes, l'un qui permettrait de prendre le contrôle d'un drone en le "piratant" à distance, l'autre qui déploierait un filet transporté par un autre drone.