Depuis quand les supermarchés existent-ils ?

Avant les années 50, c’est l’épicier derrière son comptoir qui faisait les courses pour vous. Il était alors interdit de se servir soi-même. Les aliments n’étaient pas emballés individuellement. Si vous aviez besoin de 100 grammes de farine, il fallait que vous demandiez au commis qui allait ensuite puiser dans l’immense sac de farine la quantité nécessaire. Dans certains magasins, les prix n’étaient pas affichés : on palabrait un peu. L’épicerie dans ces années-là était un haut lieu de sociabilité où on aimait se rendre. Évidemment, pour d’autres denrées comme la viande ou le fromage, il fallait aller ailleurs, dans une boucherie ou une crémerie. A l’époque, les clients prenaient plusieurs heures pour faire des courses complètes !

Il y a bien sûr de grands magasins comme " Le Bon Marché " qui offrait toute une série de produits, mais il a fallu attendre jusqu’en 1916 pour qu’enfin un magasin ose le libre-service. On a pu enfin se servir soi-même.

Le concept du libre-service, d’où est-il venu ? Des Etats-Unis, le moteur du capitalisme ! C’est un certain Clarence Saunders qui a lancé à Memphis, Piggly Wiggly, le premier supermarché moderne. Piggy Wiggly, c’est-à-dire ? Le cochon qui se trémousse ! Poétique, non ? Au début, le propriétaire a eu la crainte des vols. Avec le libre-service, il est facile de subtiliser des articles. Et pas encore de caméras à l’époque ! Clarence Saunders, cependant, se rend vite compte que les pertes sont compensées par les achats compulsifs. Ce qui s’explique : auparavant, les clients avaient une liste précise quand ils passaient chez l’épicier. Mais comme dorénavant, on peut prendre soi-même ce que l’on veut, on achète beaucoup plus, d’autant que les prix sont devenus plus démocratiques que dans les épiceries !

Par ailleurs, il y a moins de personnel à payer. Les espaces, souvent dans ces années-là un hangar ou un garage désaffecté, sont plus grands. C’est à cette époque qu’on a inventé le frigo dans lequel il a été aisé de stocker toute la nourriture en grande quantité et surtout au frais !

Avec Delhaize, on y revient. 1957, Place Flagey à Ixelles, le magasin de taille modeste s’installe et il existe toujours ! Delhaize déroute les clients belges : certains attendent de se faire servir, car personne n’a encore l’habitude du libre-service. Au début, la viande préemballée a suscité une réticence chez le consommateur. Mais pas pour longtemps. Le premier supermarché de Wallonie, s’est ouvert à Liège en 1959. Les consommateurs sont bien sûr ravis, mais certains commerçants ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de ces supermarchés où les produits sont moins chers qu’en épicerie, où il y a du parking, et où c’est facile de se rendre en voiture. Autre point fort : les supermarchés s’installent en périphérie. Malheureusement pour les petits commerçants du centre-ville, pour qui c’est souvent la catastrophe. Beaucoup mettront la clef sous le paillasson quand la concurrence sera devenue trop forte.

On a connu : le retour des grandes marques dans le centre-ville, des supérettes de proximité, l’arrivée du hard discount, les magasins où le client scanne lui-même ses produits, des magasins sans caisse. 

Actuellement, Delhaize impose son modèle de franchise à ses 128 magasins. Les employés de la chaîne craignent clairement une dégradation des conditions de travail : salaire moindre, durée de travail plus élevée, durée du temps de travail plus long aussi, donc moins de congés. Il est bien loin le temps où le supermarché faisait rêver !