Evénements Classic 21

Depeche Mode à Anvers : funambule sur le fil du rock et de l’électro

© Benoit Bouchez

Tel Orphée revenu des enfers, exactement trente ans après leurs dates belges de la tournée Devotional tour qui fut gangrenée par une surconsommation d’alcool et de drogues, Depeche Mode était de retour ce samedi sur la scène du Sportpaleis d’Anvers.

En phase avec la sortie de leur excellent dernier album Memento Mori, le concert commence sur des pulsations puissantes allant en crescendo et en se métamorphosant progressivement en déflagrations régulières. C’est sur ces semonces sonores, tel les traditionnels trois coups du théâtre, que dans une ambiance bleu nuit résonnent les premières notes de "My Cosmos is Mine", plage d’ouverture de leur dernier opus.
La voix de Dave Gahan est prenante, captivante donnant à ce premier titre une dimension mystique. Au fur et à mesure que la scène s’éclaire se forme sur celle-ci un grand M dont le graphisme n’est pas sans rappeler celui du grand classique allemand du 7e art : M le maudit. Ce M géant en lien avec le nom de leur dernier album s’imposera durant tout le show en se déclinant sous une palette colorée des plus impressionnante.

© Benoit Bouchez

Après "My Cosmos is Mine", c’est "Wagging Tongue", un autre extrait de Memento Mori d’être joué dans une version moins kraftwerkienne que l’original. Si la tension est déjà palpable, l’étincelle se produit véritablement dès le troisième titre avec une interprétation dantesque, appuyée par une ambiance lumineuse rouge sang, de "Walking In My Shoes".

Chose assez rare pour l’énorme salle anversoise, l’ensemble du public est déjà debout même du côté des gradins les plus en retrait. Cette communion avec les fans ne retombera pas un instant durant tout le concert. S’enchaîne alors "It’s No Good ", "Sister of Night " et un "In Your Room” qui claque en mode très guitare électrique. Car oui ce samedi Depeche mode a décidé de jouer les équilibristes entre rock et électro. Quand Martin Gore entonne le grand classique des 80’s "Everything Counts" devant un écran projetant une silhouette toute gantée de blanc se trémoussant au rythme du morceau, il le fait dans un style techno des plus up-tempo.

Ce qui frappe le plus, c’est cette volonté du groupe de redonner vie en live à leur répertoire avec des approches différentes et souvent surprenantes. Ce détournement des œuvres originales parfaitement maîtrisé est réussi grâce au soutien d’une vraie batterie. Ces percussions organiques sont là pour éclipser par moments les habituelles boîtes à rythmes.

Cette option a sans doute été prise pour remédier à l’absence du regretté Andy Fletcher dont un hommage a été rendu avec l’interprétation par Dave Gahan (à l’origine sur les premières démos il devait être chanté par Martin Gore) de "World In My Eyes ". En choisissant ce morceau pour saluer la mémoire de leur complice, Depeche Mode a évité le pathos car le titre mid-tempo, aux sonorités électro un peu vintage était le préféré d’Andy. Arrivent ensuite un "Wrong", un peu orphelin de son essence rageuse et un vibrant "Enjoy The Silence " repris en chœur avec passion par tout le Sportpaleis que ne manque pas de remercier Dave Gahan.

Vient ensuite le rappel qui s’ouvre sur une version dépouillée et très émouvante à deux voix de "Waiting for the Night", un véritable moment fort en émotion avec une accolade sincère en fin de morceau de Dave et Martin.

Le final se fait sur les plus grands hits du groupe : "Just Can’t Get Enough" dont le traitement avec de vraies percussions permet même aux plus "blasés" de redécouvrir cet hymne synthé pop avec plaisir, "Never Let Me Down Again" et en guise d’au revoir, leur hommage à Elvis Presley "Personnal Jesus " comme pour signifier que Depeche mode puise aussi ses racines dans le rock.

© Benoit Bouchez

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