Le laboratoire clandestin découvert par la police sur les hauteurs de Herstal, "d’une dimension moyenne et classique" selon Etienne Dans, permet d’estimer l’organisation et l’ampleur des moyens déployés par le crime organisé. A l’intérieur même du hangar, les malfrats ont agencé une architecture en "poupées russes". Un vaste caisson construit avec des panneaux de bois renferme une immense tente dans laquelle l’unité de production principale est installée avec son lot de fûts, des produits chimiques et un système d’extraction d’air.
"La tente isolante sert à masquer l’activité illicite, avec un système d’extraction d’air pourvu de filtres à charbon actif qui empêchent les odeurs de se répandre à l’extérieur", explique le policier. Le système vise aussi à minimiser les risques d’intoxication pour les fabricants de drogues eux-mêmes car "la production de drogues synthétiques génère énormément de vapeurs à cause l’utilisation de substances chimiques, toxiques, corrosives, mortelles dans certains cas".
Des dangers multiples
Outre l’utilisation de produits dangereux, le matériel bricolé pour la production défie les normes de sécurité et représente un danger en cas de trop fortes contraintes de chaleur ou de pression. Etienne Dans insiste sur le fait que "cela représente des risques non négligeables pour les petites mains du réseau qui travaillent à l’intérieur du laboratoire mais aussi pour les riverains".
D’autre part, la production de drogues de synthèse génère une grande quantité de déchets. "Les bidons sont parfois abandonnés dans le laboratoire lors d’un déménagement des installations ou entassés dans un véhicule volé que les criminels laissent ensuite au bord d’une route. Dans certains cas, les déchets sont largués dans un bois ou même directement déversés dans un ruisseau ou un égout lorsqu’il s’agit de produits liquides" s’inquiète le responsable de l’unité de démantèlement des laboratoires clandestins.
Dans un communiqué diffusé fin mai, le parquet du Limbourg, régulièrement confronté à la problématique, indiquait que deux employés d’une société flamande de traitement des eaux usées avaient été blessés alors qu’ils prélevaient des échantillons dans une station d’épuration après le rejet de substances chimiques toxiques vraisemblablement issues d’un laboratoire de drogues.