Belgique

Demandeurs d'asile dans le froid: les organisations humanitaires dénoncent le manque d'anticipation du Secrétaire d'Etat à l'Asile

© François Corbiau / RTBF

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Par Françoise Berlaimont, avec François Corbiau

Dans le froid, le vent, la pluie, des centaines de personnes exilées attendent chaque jour devant le Petit Château, à Bruxelles, dans l’espoir d’être reçu par Fedasil. Mais pour la plupart, les portes ne s’ouvrent même pas. Il n’y a pas de places disponibles. Seuls les mineurs non accompagnés, les femmes isolées et les familles ont priorité. Les ONG sur le terrain sont les seules à venir en aide à ces personnes qui cherchent un refuge, et elles s’inquiètent du sort de ces demandeurs d’asile en situation humanitaire très critique.

Urgence humanitaire

Jack est congolais, il est arrivé en Belgique il y a une semaine : "Je suis dans la file depuis 5 heures 30 et j’attends pour introduire une demande d’asile. Je ne peux pas croire qu’en Belgique, on laisse des gens sous la pluie, sans aide". D’autres Africains attendent aussi, certains reviennent tenter leur chance tous les jours, sans succès, comme Dan : "comme célibataire, on n’est pas prioritaire, c’est normal de privilégier les enfants ". Beaucoup passent carrément la nuit sur le trottoir, sous des bâches de fortune,  ils n’ont d’ailleurs aucun endroit où aller, comme cet exilé érythréen : "c’est dur à vivre". 

Un café ou thé chaud et un bout de pain sont appréciés. Les associations humanitaires sont présentes afin de palier l'incurie de l'Etat belge. Julien Buhacolette, chef de mission à Médecins Sans Frontières : "Nous distribuons des croissants et des biscuits mais aussi des bonnets et des gants, et puis nous proposons une petite aide médicale pour soigner les plaies dues notamment au froid". Les organisations (La Croix rouge, Médecins du Monde, la Plateforme Citoyenne) essaient aussi d'obtenir des informations à transmettre à toutes ces personnes en détresse.

© François Corbiau / RTBF

Manque d'anticipation

A l'intérieur du Petit Château, Michel Genet, directeur général de Médecins du Monde, est bien conscient qu'il s'agit d'un "emplâtre sur une jambe de bois" : "Il ne faudrait pas que notre présence serve d'alibi au Secrétaire d'Etat Sammy Mahdi pour ne rien faire puisque l'enjeu c'est de trouver des places, à titre structurel au sein de Fedasil, ou à titre temporaire dans des hôtels disponibles. On ne comprend pas que le secrétaire d'Etat à l'asile et la migration refuse la solution des hôtels et préfère laisser les gens dans le froid, la pluie et la crasse. C'est juste inacceptable". 

Des centaines de personnes attendent dehors alors que seulement une vingtaine est admise chaque jour. "Il y a manifestement un manque d'anticipation du Secrétaire d'Etat et de Fedasil d'ouvrir des places supplémentaires". Des places sont occupées par les victimes des inondations du mois de juillet et puis par les Afghans suite à la chute de Kaboul au mois d'août. Certains bourgmestres sont réticents à l'ouverture de centres dans leur commune. "On pouvait anticiper, cela n'a pas été fait. Face à une détresse humaine comme celle-là, nous devons tous être solidaire", affirme Michel Genet.

Des solutions à très court terme

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Les associations ont pourtant tiré la sonnette d'alarme il y a déjà plusieurs semaines. "La moyenne d'attente est d'une vingtaine de jours", estime Mehdi Kassou, porte-parole de la Plateforme Citoyenne, "hier lundi ce sont 191 hommes qui sont restés dehors".  Il insiste aussi sur "la nécessité d'ouvrir des places de pré-accueil en urgence". Du côté de Fedasil, on gère au jour le jour. Isabelle Plumat est la directrice du Petit Château : "On pense placer des containers sur une série de sites pour absorber le flux que l'on a maintenant". Il faudrait 400 places supplémentaires.

Les organisations observent que les personnes en attente viennent pour une large part d'Afghanistan, plus largement du Moyen-Orient, de Syrie d'abord mais aussi d'Irak, puis d'Afrique, notamment de Guinée. Il y a enfin quelques groupes issus de pays d'Amérique latine. Les quatre organisations humanitaires s'inquiètent de voir cette situation existante depuis le début de l'automne perdurer à l'arrivée de l'hiver.  

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