Environnement

Demain, un monde sans insectes ? Difficile car 80% des plantes cultivées en dépendent

Sans insectes, il n'y a d'avenir pour personne

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Que serait notre monde, demain, sans les insectes ? Le constat est interpellant, les populations d’insectes chutent de façon alarmante. Des chercheurs de l’UClouvain ont participé avec une septantaine de scientifiques des quatre coins du monde, à une synthèse parue, récemment, dans le journal Ecological Monographs. Selon eux, 80% des plantes cultivées dépendent des insectes pour se développer. Les insectes pollinisent, recyclent la matière organique, régulent les populations de ravageurs agricoles. Sans eux, notre environnement ne serait pas le même. Le problème, c’est que nous assistons, actuellement, à un véritable génocide des insectes de notre planète. Près de la moitié de certaines espèces a d’ores et déjà disparu.

Des insectes recycleurs, pollinisateurs, garde-fous contre les ravageurs agricoles

© Tous droits réservés

Les insectes vivent à nos côtés mais nous ne les voyons que lorsqu’ils nous grattent ou nous piquent. Sans eux, pourtant, notre monde ne tournerait pas rond. Pour mieux nous en rendre compte, nous suivons Thierry Hance en forêt. Ce professeur à la faculté des sciences de l'UCLouvain et chercheur à l’Earth and Life Institute a participé à la réalisation de cette synthèse sur nos insectes.

En ramassant une poignée de terre et de feuilles dans la forêt, il nous explique : "Les feuilles qui tombent pendant l’automne doivent se décomposer pour apporter énormément d’éléments nutritifs aux arbres. Mais la cellulose qui compose les feuilles et les branches mettent du temps à être digérés. Ce sont les insectes qui vont le faire. Ils vont réduire la taille de ces feuilles pour petit à petit la transformer en terreau. Ce recyclage est absolument fondamental pour permettre la nutrition des arbres et la croissance de la forêt."

Non seulement ces soldats invisibles recyclent la matière organique mais en plus, ils pollinisent nos plantes cultivées, régulent les populations de ravageurs agricoles. 80% des plantes dépendent d’eux. Mais ils sont fragiles comme l’explique Thierry Hanse : "De par leur petite taille et leur incapacité à réguler leur température corporelle, les insectes s’avèrent particulièrement sensibles aux changements environnementaux. Le réchauffement global et l’augmentation des événements climatiques extrêmes, alliés à l’utilisation massive de pesticides, entraînent la mort de millions d’individus et l’extinction d'insectes."

Près de la moitié des papillons de chez nous menacés de disparition

© Tous droits réservés

Près de la moitié de certains groupes d’insectes a d’ores et déjà disparu. Les papillons sont particulièrement vulnérables selon Thierry Hance : "On considère que sur une centaine d’espèces qui existaient en Wallonie, dix-huit ont complètement disparu. Une trentaine d’autres sont menacées à des degrés divers. Elles étaient autrefois très courantes. C’est le cas, notamment, du papillon Vulcain, autrefois, pourtant très commun ou encore du papillon grande tortue. Nous détruisons leur habitat comme par exemple les orties que nous n’aimons pas beaucoup et les sécheresses affectent leur chrysalide qui se forme dans le sol et risque de ne jamais éclore faute d’humidité suffisante."

Ces scientifiques appellent les autorités publiques à mener des actions de préservation des refuges microclimatiques appropriés, l’accès à une source d’eau et l’accès à une source nutritive sans pesticides. Ce sont, selon eux, trois éléments essentiels à la survie des insectes face aux extrêmes climatiques.

Aménager les zones naturelles existantes et les élargir

© Tous droits réservés

Les zones naturelles existantes doivent donc être strictement préservées, voire étendue. L’agriculture doit également être repensée, en mettant l’accent sur l’agroécologie.

Thibaut Thirion est garde forestier à l’UClouvain. Il déploie des trésors d’ingéniosité pour enrayer ce phénomène inquiétant de disparition des insectes. Il a notamment aménagé, des murets de pierre et de feuille dans un verger mais aussi une bande de prés fleuris à l’entrée du bois de Lauzelle. Il laisse aussi traîner un tas de copeaux de bois. Un geste qui n’a rien d’une négligence comme il nous l’explique : "Là-dedans, on va avoir de la chaleur pour l’hiver pour certains insectes. On peut retrouver dans ces copeaux des insectes pas courants comme le scarabée rhinocéros ou le lucane cerf-volant. Ils vont résister à l’hiver grâce à la chaleur que ces copeaux dégagent par leur décomposition et ils vont aussi s’en nourrir puisque ce sont des xylophages."

© Tous droits réservés

Nos jardins constituent aussi des habitats et des refuges importants pour les insectes, en particulier dans les villes, où les effets des extrêmes climatiques sont souvent exacerbés. Aménager une parcelle fleurie et de plantes sauvages dans son jardin, voire un rebord de fenêtre s’avère vite très utile. Ce jardinage respectueux des insectes réduit l’empreinte carbone et nous récompense sous la forme d’une abondance florale et de produits comestibles, appréciés par les humains et leurs amis à six pattes.

Inscrivez-vous à la newsletter Tendance

Mode, beauté, recettes, trucs et astuces au menu de la newsletter hebdomadaire du site Tendance de la RTBF.

Articles recommandés pour vous