Delhaize : à qui profite la fermeture des magasins ?

D’où cette question : à qui profite la grève chez Delhaize ?

Notre journaliste Wahoub Fayoumi a tendu son micro à l’entrée d’une enseigne concurrente à Delhaize. Un magasin intégré Carrefour dans le sud de Bruxelles. Particularité de ce supermarché, il est à un jet de pierre d’un magasin, quasi jumeau, mais géré par Delhaize et dont le personnel est en grève depuis un peu plus de trois semaines.

Hier, en fin d’après-midi, sur le parking, beaucoup de clients, parfois pressés et tous ne sont pas des habitués de cette enseigne. Écoutez les témoignages ci-dessous.

Face à ce constat, une autre question se pose : l’augmentation des clients dans les enseignes concurrentes de Delhaize pourrait-elle être durable ?

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne veut pas trop communiquer sur le sujet. Preuve en est, notre reportage a été réalisé sur le parking du supermarché Carrefour. La direction de l’enseigne a souhaité rester très discrète. Il n’y a pas eu d’interview ni de tournage à l’intérieur du magasin.

Idem à la maison mère de Carrefour. Pas de réjouissance en public face à ce qui se passe chez Delhaize, mais, hors micro on nous a bien confirmé qu’il y avait une forte augmentation de la fréquentation dans leurs enseignes intégrées, surtout dans les quartiers où se trouve un concurrent Delhaize fermé. Le son de cloche est le même chez Colruyt.

Pour Christophe Sancy, rédacteur du magazine professionnel de la distribution Gondola, ces reports vers d’autres enseignes ne sont pas durables. La clientèle de Delhaize est, selon ce spécialiste, "très exigeante, y compris sur la manière de juger sa propre enseigne, avec des attentes très élevées en termes de qualité, de largeur de choix et aussi de performances opérationnelles. Mon opinion est que ce ne sont pas des reports durables." La plupart des clients Delhaize que nous avons interrogés nous ont d’ailleurs précisé qu’ils retourneront dans leurs magasins quand ils seront rouverts.

Christophe Sancy ajoute qu’il faut tout de même relativiser, parce que "le consommateur belge est par essence plutôt infidèle. Il fréquente un peu moins de six enseignes au total dans son parcours hebdomadaire." Six enseignes en moyenne par ménage avec un très grand choix d’enseignes différentes et des achats finalement différents d’une enseigne à l’autre.