Est-ce que la Flandre est prête à abandonner le masque ? Est-ce qu’elle peut se le permettre vu son taux de vaccination ?
Catherine Linard est géographe de la santé à l’Université de Namur: "Ce qui se passe ici, c’est qu’il n’y a pas encore suffisamment d’éléments rassurants pour lever une mesure comme le masque à l’intérieur, qui, pour moi, devrait être une des dernières mesures à être supprimée puisqu’elle est assez peu contraignante. Donc, les indicateurs, pour l’instant, sont stables, c’est vrai, mais c’est un équilibre qui est encore instable, avec un taux de reproduction qui est proche de 1 et un équilibre qui pourrait être mis à mal par la période, avec la reprise des activités. Il y a les universités et les hautes écoles qui viennent de reprendre cette semaine, toutes les activités professionnelles reprennent aussi, et avec l’arrivée de l’automne et de l’hiver. L’année dernière, à la même période, on a perdu le contrôle de l’épidémie".
Mais on n’était pas vaccinés à ce moment-là…
"Exactement. On n’est évidemment plus dans les mêmes conditions que l’année dernière grâce à la vaccination, mais la situation reste délicate et elle va rester délicate dans les prochaines semaines".
Ça veut dire que le masque va rester, même si on atteint des taux de vaccination très élevés partout dans le pays ?
"Disons qu’il va rester encore dans les prochaines semaines, je dirais, le temps de voir quel va être l’effet de la reprise de toutes les activités et l’effet de l’arrivée de l’hiver. Si on voit d’ici quelques semaines qu’on continue à garder ce contrôle, alors oui, on va continuer à relâcher de manière progressive, évidemment. Mais ça doit pour l’instant continuer à se faire avec prudence".
On a assez d’études aujourd’hui pour affirmer que le masque est efficace pour empêcher la transmission du virus ? C’est clair et net aujourd’hui, c’est prouvé scientifiquement ?
"Oui, bien sûr, c’est tout à fait prouvé scientifiquement, dans certaines circonstances en tout cas. Dans les lieux clos, peu ventilés, et quand les distances ne peuvent pas être respectées, oui, dans ces conditions-là, le masque est efficace".
Qu’est-ce qui est le plus efficace pour empêcher la transmission : le Covid Safe Ticket ou le masque ? Est-ce que c’est mieux de continuer à imposer le masque à l’intérieur, comme dans les auditoires d’université — et vous en faites l’expérience vous-même puisque vous êtes professeure à l’université — plutôt que de pouvoir l’enlever après avoir montré son pass sanitaire ? Quelle est la mesure la plus efficace pour empêcher la transmission du virus ?
"C’est impossible à dire parce qu’il reste encore beaucoup d’incertitudes, notamment sur la réduction de la transmission par le vaccin. On sait que le vaccin réduit les chances d’être malade et d’infecter, mais on ne sait pas très bien à quel niveau. Les bénéfices épidémiologiques du Covid Safe Ticket sont donc très difficiles à quantifier".
Ça veut dire que quand on est vacciné, on ne peut pas pour autant enlever son masque ? On ne peut pas imaginer aujourd’hui des événements avec beaucoup de gens à l’intérieur qui seraient tous vaccinés et pour lesquels on pourrait tous enlever son masque ? Il y a encore des risques de transmission ?
Oui, des risques de transmission, il y en a. Maintenant, je pense que ça dépend des activités, ça dépend des circonstances. C’est vrai que rouvrir les boîtes de nuit avec le Covid Safe Ticket et en supprimant le masque, je pense que ça se justifie de par l’activité aussi, mais je pense qu’il y a plein d’autres circonstances dans lesquelles le Covid Safe Ticket ne doit pas être la solution. Ça doit être une mesure qui soit éventuellement combinée à d’autres, comme le port du masque.
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Ça a du sens d’appliquer le Covid Safe Ticket à la seule Région bruxelloise, selon vous ?
"Moi, j’ai effectivement toujours été plutôt en faveur de mesures ciblées. La situation est plus délicate pour le moment à Bruxelles, donc oui, pourquoi ne pas appliquer la mesure qu’à Bruxelles, en sachant évidemment que si la situation se dégrade dans d’autres régions du pays, il faudra peut-être penser à l’appliquer ailleurs aussi".