Belgique

Déception chez les sans-papiers grévistes de la faim : seule 1 personne sur 6 obtient la régularisation

Des médecins viennent en aide aux grévistes de la faim dans l’église du Béguinage, le 19 juillet 2021.

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Par Daphné Van Ossel avec Françoise Berlaimont

"C’est devenu flagrant, la Belgique s’écarte des valeurs universelles des droits de l’homme, elle est déroutée de la démocratie", soupire Ahmed Manar, porte-parole des sans-papiers. Un an après la grève de la faim des sans-papiers dans l’église du Béguinage, les décisions sont connues, et c’est à nouveau la déception qui domine chez les ex-grévistes.

Selon les chiffres communiqués par le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi, sur les 516 personnes concernées par les demandes de régularisation introduites, 90 personnes ont obtenu une réponse positive. Soit, 1 personne sur 6.

Il ne reste rien de l’accord oral

"Il ne reste rien de l’accord oral, ce n’est pas ce qui avait été convenu entre nous et l’Office des trangers" commente Ahmed Manar.

Pour rappel, l’été dernier, un peu plus de 470 personnes avaient fait la grève de la faim pendant 2 mois, dans l’église du Béguinage et dans des bâtiments de l’ULB et de la VUB. Un accord – oral – avait finalement été trouvé le 21 juillet 2021, par l’entremise de négociateurs comme l’avocat Alexis Deswaef. Il n’y aurait pas de régularisation collective, mais tous les dossiers seraient déclarés recevables, allaient être examinés rapidement, et en tenant compte d’une série de lignes directrices, comme l’ancrage et l’intégration en Belgique, des promesses d’embauche ou encore la présence régulière de membres de la famille en Belgique.

Les dossiers n’ont pas été traités différemment.

Le secrétaire d’Etat dément. Dans le communiqué envoyé par son cabinet, on peut lire : "Les personnes ayant reçu une décision positive ont inutilement fait une grève de la faim, car les dossiers n’ont pas été traités différemment à cause de la grève de la faim."

"Les règles de migration sont claires et il est particulièrement important qu’elles soient respectées. L’Office des Étrangers a étudié en profondeur tous ces dossiers, dont certains comptent jusqu’à 300 pages. J’espère que cela nous permettra de clore la discussion. Nous continuons à travailler sur une politique correcte. Pour la plupart des gens, cela signifie retourner dans leur pays d’origine ", ajoute le secrétaire d’Etat.

Le problème réside pourtant, justement, dans le manque de clarté de la loi. Les critères qui permettent de régulariser pour motifs humanitaires ou médicaux ne sont mentionnés précisément nulle part.

Les sans-papiers risquent-ils d’entamer de nouvelles actions ? "Tout dépend de leur volonté, répond Ahmed Manar. Nous, porte-parole, ne sommes que des messagers. S’ils sont déterminés à reprendre la lutte, nous n’aurons qu’à l’adouber."

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