Chroniques

De Wever réanime le confédéralisme

Philippe Walkowiak

© RTBF

 

Quand vous perdez le fil, que vous ne pesez plus sur le cours des choses, la tendance demeure souvent, d’en revenir aux " fondamentaux ". C’est fréquent en politique pour une formation qui se cherche ou qui entend reprendre la main. Cela passe par un congrès de refondation ou plus simplement par la réaffirmation des valeurs fondamentales du parti, comme si quelqu’un en avait douté, mais cela fait du bien. Ainsi va, ces derniers jours, de la N-VA et du confédéralisme.

Reprendre le fil

En 2024, ce sera le " confédéralisme ou rien " martèle à nouveau Bart De Wever, relayé par d’autres ténors nationalistes.

L’antienne est connue : puisque le fédéral n’arrive pas à prendre les bonnes décisions, notamment pour la Flandre, scindons ce pays, sous le vocable poli de confédéralisme. Le président de la N-VA vise aussi bien la réforme des pensions, les dépenses publiques, la situation budgétaire que l’aide apportée aux migrants, le statut des artistes que les allocations de chômage.

Tout cela ne peut être réformé à cause des socialistes francophones, mais il se trouve que c’est précisément avec ce même PS que la N-VA entend discuter du confédéralisme, et uniquement du confédéralisme.

Le paradoxe nationaliste

Bart De Wever veut donc négocier avec celui qui génère tous ses tourments ! Il en avait été de même lors des dernières négociations gouvernementales. Paul Magnette et Bart De Wever avaient développé une nouvelle esquisse institutionnelle avant que le parti nationaliste ne se retrouve brusquement hors-jeu. Bart De Wever en garde toujours une profonde amertume. Il exclut d’ailleurs une nouvelle configuration type " suédoise " et conserve une rancœur particulière à l’égard des libéraux.

Mais le président de la N-VA trouve devant lui un paysage politique éclaté, sans réel partenaire. Cela explique sans doute son aigreur.

En effet, si quelques voix se prononcent au sein du Parti Socialiste pour une réforme de l’état, c’est bien plus pour l’évolution vers une Belgique à quatre régions (où donc la Flandre n’aurait plus sa capitale à Bruxelles) que pour le modèle confédéral rêvé par les nationalistes.

De plus arithmétiquement, la majorité des 2/3 indispensable pour une réforme institutionnelle, reste introuvable. Quel que soit le modèle d’ailleurs, cela vaut aussi pour une refédéralisation dont rêvent certains.

Finalement, la seule chance de Bart De Wever d’inscrire le confédéralisme à l’agenda reste la possibilité que le bloc nationaliste (N-VA + VB) décroche une majorité en Flandre. Une extrémité à laquelle le président de la N-VA s’est toujours refusé. À vérifier en 2024.

 

@PhWalkowiak

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