Quelles perspectives pour ces détenus qui ont entamé la procédure de demande de libération conditionnelle lorsque celle-ci est rejetée une fois, deux fois, trois fois ? Pour les avocats, il faut à chaque fois remobiliser le détenu, lui redonner confiance.
Les directeurs de prison ont aussi leur rôle à jouer. Marc Dizier est le directeur de la prison de Namur. "Si le directeur a émis un avis défavorable au dossier de libération conditionnelle, il a déjà eu l’occasion d’en discuter avec le détenu. De réfléchir aux aspects à améliorer. Mais s’il avait émis un avis positif, c’est encore plus difficile pour le détenu".
Il faut aussi gérer les impacts sur la vie quotidienne en prison. Marc Dizier : "Il y a des détenus qui dépriment. Il y en a qui se disent : "Je n’ai plus rien à perdre donc je me comporte un peu n’importe comment. De toute façon, je ne demanderai plus rien à personne". Toutes les réactions existent des plus négatives au plus positives", remarque-t-il.
Certains détenus font également un simple calcul de coût-bénéfice. Ils savent que la procédure est longue pour accéder à une libération conditionnelle. Il faut apporter des preuves pour sortir et, une fois dehors, il faudra respecter toute une série de conditions parfois sur une longue période, une période plus longue que le temps qui reste à passer en prison. Tandis que si la peine est purgée jusqu’au bout, le détenu sort et est libre de mener sa vie comme bon lui semble.
D’autres détenus savent aussi qu’ils ont très peu de chance d’obtenir une libération conditionnelle. Ce sont les détenus toxicomanes, les détenus connus pour des faits de mœurs et ceux connus pour des faits de terrorisme.
Cela amène les acteurs de cette chaîne qui accompagne les détenus à se poser une question : souhaite-t-on côtoyer des anciens détenus qui sont accompagnés dans leur nouvelle vie ou des anciens détenus qui se retrouvent dans la nature et n’ont plus de compte à rendre à personne ?
Depuis 2007 et la création des tribunaux d’application des peines, le nombre de détenus qui ont été à fond de peine a doublé. Ils étaient 381 en 2007. Ce chiffre est monté à 745 en 2019 selon les statistiques de l’administration pénitentiaire.