Des photos de chiens ou de chats obèses, nous en avons tous vu passer sur nos comptes Facebook ou Instagram. Mais au-delà du cliché, il y a une réalité dont peu de monde parle. Le surpoids voire l’obésité guette nos compagnons à quatre pattes et comme chez nous, humains, ces kilos en trop peuvent nuire gravement à leur santé.
Myriam Hesta, vétérinaire spécialiste de l’alimentation des animaux à l’UGent, vient d’ouvrir, en collaboration avec un spécialiste des aliments pour animaux, une première clinique belge de l’obésité pour les animaux de compagnie. "Dans notre clinique, nous voulons accompagner les maîtres et leurs animaux à retrouver un équilibre sain et une meilleure qualité de vie. Une première en Belgique", détaille-t-elle.
Un suivi personnalisé pour que toutou perde ses kilos de trop
"Nous allons proposer un suivi personnalisé du chien à long terme. Cela nous permettra de récolter des données pour la recherche scientifique pour contrer cette maladie chronique", explique Marie Céline Hottat, vétérinaire en spécialisation pour l’alimentation animale à l’UGent, et membre de la clinique.
"Nous proposerons une première consultation d’une heure pour voir l’animal et comprendre d’où pourrait venir le problème, alimentation, habitudes de vie, activités physiques. Puis nous enverrons au propriétaire un plan personnalisé avec des exercices physiques pour que son compagnon à quatre pattes perde du poids, nous allons les suivre pendant plusieurs mois."
1 compagnon à 4 pattes sur 3 en surpoids
Marianne Diez, spécialiste de l’alimentation des animaux de compagnie à la faculté vétérinaire de l’ULiège, nous le confirme : "En 2011, nous avons mené une étude sur 3000 chiens et 2000 chats qui fréquentaient les cabinets vétérinaires belges et nous avons constaté que 30% d’entre eux étaient en surpoids. L’obésité morbide, celle ou le chat ne fait plus sa toilette et le chien ne sait plus bouger, concernait près de 6% des animaux."
En Belgique, de nombreuses cliniques vétérinaires s’occupent de ces problèmes de santé mais aucune n’y était entièrement dédiée. La première clinique du genre avait été ouverte à Bristol au Royaume-Uni, il y a dix ans. En scannant les animaux, tranche par tranche (comme pour nous), les vétérinaires avaient pu mesurer précisément les pourcentages de graisses et de muscles et avaient pu ainsi dresser un premier état des lieux.
Mais pour savoir si un animal est trop gros, il n’y a pas besoin de tels scanners. Il faut le faire peser régulièrement par son vétérinaire et puis nous dévoile Marie-Cécile Hottat : "Nous évaluons son 'body condition score', un score sur 9 en fonction des stockages de graisses, et de leurs quantités et des lieux où il se trouve sur le corps. 9/9, il est obèse, 1/9, il est trop maigre, le bon score c’est 4 ou 5. Cela nous permet d’établir le poids idéal à atteindre. "
La cause, ce sont les maîtres
"Les causes sont connues", renchérit notre experte liégeoise : "Ce sont les humains qui détiennent ces animaux. C’est la nourriture à volonté et le manque d’exercices. On peut d’ailleurs faire un parallèle entre la sédentarité de la population et celle de leurs animaux de compagnie. Si nous sommes sédentaires, nous préférons ouvrir la porte du jardin que d’aller le promener."
Myriam Hesta, l’initiatrice de la clinique ajoute : "On constate souvent que la base du problème n’est pas tant l’alimentation, mais plutôt les petits extras comme ces snacks en tout genre qui font monter en flèche le nombre de calories ingérées par l’animal. Il y a bien sûr aussi toute une série d’autres facteurs qui entrent en jeu, tels que la race, la stérilisation ou certaines pathologies sous-jacentes. Une fois que l’on en a fait le tour, on élabore un plan de traitement individuel et ciblé et on revoit le patient régulièrement dans les semaines suivantes afin d’évaluer les progrès. Il s’agit donc de parcours de longue durée. Si l’on traite par exemple un labrador dont le poids de départ est 45 kilos et dont le poids idéal se situe autour de 30 kilos, il faut compter un an environ pour perdre définitivement ces 50% de surpoids."
Un surpoids animal dont il faut se préoccuper
Avoir un chien ou un chat trop gros, n’est pas une chose à prendre à la légère, car le surpoids peut limiter leur durée de vie. "Aux Etats-Unis, des chercheurs d’un centre expérimental ont mené une expérience sur des populations de Labrador tout au long de leur vie. La moitié d’entre elles recevait de la nourriture à volonté, l’autre moitié, recevait une ration un peu moins importante": nous confie Marianne Diez, "après quelques années, les scientifiques ont dû revoir le protocole car tous les chiens étaient devenus obèses. Ils ont ainsi pu montrer que ceux qui avaient reçu moins de nourriture vivaient environ 13 ans contre 11 pour les obèses. Deux années de longévité en moins pour un chien, c’est énorme !".
Et ce serait sans compter les comorbidités, intolérance à l’exercice, mal aux articulations qui entraîne l’animal dans un cercle vicieux. Moins il bouge, moins il se dépense et s’il continue à manger, il continuera à prendre du poids.
Pour les chats comme pour les chiens, c’est parfois gamelle ouverte et c’est dramatique
Les bons conseils sont de faire vérifier son poids régulièrement, à la maison, le peser avant le premier repas, si le chien prend un kilo, savoir que cela équivaut à 20 kg pour un humain, suivre les portions indiquées par le fabricant, les peser sur une petite balance. Eviter de donner des friandises pour le récompenser, gardez-les pour les apprentissages difficiles, préférez le féliciter avec votre voix, en jouant avec lui ou le caressant. Et 'last but not least', marcher au moins une demi-heure, deux fois par jour, avec lui.