Entre 2008 et 2016, le recours des Bruxellois aux urgences hospitalières a augmenté de 14%. Selon l'étude de l'Observatoire de la Santé et du Social de la Commission communautaire commune de la Région bruxelloise, près de 500.000 personnes sont passées par le service d'urgence d'un hôpital bruxellois en 2016. Ce qui représente un taux de 419 passages pour 1000 habitants.
Une tendance lourde et générale
Ces chiffres ne surprennent pas le professeur Philippe Meert, chef du service des urgences des Cliniques universitaires Saint-Luc. Il s'agit d'une tendance générale, qui n'a rien de spécifique à Bruxelles et concerne l'ensemble des pays occidentaux.
"Je pense que cette évolution vers une fréquentation accrue des services d'urgence est multifactorielle. Parce que 1°), c'est le seul service qui est accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. 2°), et c'est particulièrement vrai en Belgique, nous avons la chance d'avoir pu développer au cours des 15 dernières années une réelle spécialité puisque la Belgique a une spécialité en médecine d'urgence - il n'y a que cinq pays en Europe qui ont ça, les Etats-Unis ont ça aussi - qui est une discipline spécifique avec une technicité particulière, avec une expertise particulière, qui donne une qualité au travail médical qui est réalisé. Par ailleurs il y a, je pense, une certaine culture dans la société qui est que les gens, en milieu urbain, ont tendance à chercher rapidement une solution aux problèmes qui se posent, donc aux service des urgences quand on a un problème de santé, qu'il soit traumatique aigü ou peut-être moins aigü.
Un recours aux urgences rarement injustifié
Le docteur Meert ne pense pas que les patients aient tendance à s'adresser aux urgences de manière inappropriée. Pour savoir si le recours aux urgences était ou non justifié, il est nécessaire de d'abord poser un diagnostic. Et pour poser un diagnostic, il faut forcément consulter un médecin. En cas de douleurs dans la poitrine, par exemple, il est urgent de s'adresser sans tarder à un spécialiste, quitte à constater par la suite qu'il ne s'agissait de rien de grave, plutôt que de passer à côté d'un infarctus qui peut se révéler fatal.
L'étude de l'Observatoire de la Santé et du Social constate également une tendance à se rendre aux urgences hospitalières nettement plus marquée chez les moins de 15 ans et chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Sur la période étudiée, l'augmentation se chiffre à 21% pour les moins de 15 ans et à 33% pour les plus de 65 ans, alors qu'elle n'atteint que 7% pour la tranche d'âge intermédiaire entre 15 et 64 ans.
Enfin, l'étude relève aussi que près de neuf passages aux urgences sur dix sont le fait de patients qui ne sont pas préalablement passés chez un généraliste.