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Santé & Bien-être

De plus en plus d’admissions forcées en psychiatrie... et des patients de plus en plus jeunes au service d'urgence

Le focus

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Alors que le nombre d’admissions en psychiatrie est en hausse, on constate environ 4 à 5% d’augmentation par an pour les admissions forcées, et ce depuis 2011.

Les raisons sont multifactorielles. Le rapport du groupe de travail, qui a relevé ces chiffres, évoque notamment "un certain isolement social qui va grandissant, un peu congruent avec une certaine forme de superficialité des rapports sociaux", indique Stéphane Bage, psychiatre et chef de service psychiatrie au CHR Sambre et Meuse.

Pour ce dernier, cette superficialité peut s’expliquer à l’émergence d’Internet, qui, tout en rendant ses utilisateurs toujours plus connectés, les éloigne également les uns des autres. "Cet isolement, qui a d’ailleurs été assez mis en exergue et assez pointé du doigt dans la crise Covid parce que ça a fait flamber beaucoup de pathologies, on peut l’interpréter sous cet angle-là d’une perte du lien social par l’isolement sanitaire, nécessaire mais qui a n’empêche eu des conséquences sur le plan de la santé mentale en général", développe l’invité du Focus de Matin Première.

Si les chiffres manquent encore, le psychiatre avance une augmentation d’admissions de patients plus jeunes. "J’ai 57 ans et quand j’ai commencé, on n’en faisait pratiquement jamais. Pour moi, les hospitalisations contraintes de mineurs se comptent sur les doigts d’une main. C’est extrêmement rare et c’est souhaitable que ça reste l’exception. Mais on a l’impression que d’une façon globale, au service d’urgence, se présentent des gens de plus en plus jeunes", ajoute le professionnel de la santé.

Peut-on dès lors pointer du doigt un certain type de troubles mentaux, comme des troubles de l’anxiété ? Pas forcément. "C’est de nouveau assez diversifié. Pour les personnes plus jeunes, qui sont presque des jeunes adultes, qui ont 17, 18 ou 20 ans, on arrive dans la tranche d’âge où peuvent émerger des troubles psychiatriques lourds comme des bouffées délirantes, des psychoses, etc. Ce sont dans ces zones-là qu’apparaissent les premiers symptômes", expose Stéphane Bage.

La consommation de produits entraîne parfois des troubles psychiatriques, neuf fois sur dix.

Ce dernier constate par ailleurs une forte empreinte des problèmes liés à la consommation de produits qui provoquent des troubles secondaires. "La consommation de produits entraîne parfois des troubles psychiatriques, neuf fois sur dix, je dirais. Pour certaines drogues, il faut encore nuancer, il y a très rarement des problèmes psychiatriques plus lourds, plus caractéristiques, mais avec d’autres drogues, c’est plus fréquent", détaille le psychiatre, tout en rappelant qu’il ne se base que sur ses expériences professionnelles.

L’hospitalisation ne peut être l’unique réponse à l’urgence psychiatrique

Alors que le nombre de patients augmente dans ses services, multiplier les places pour être hospitalisé ou interné ne semble pas la bonne solution pour Stéphane Bage. Car bien qu'"absolument nécessaire", l’hospitalisation ne peut être l’unique réponse à l’urgence psychiatrique.

"Il s’agit de trouver des alternatives qui soient adaptées et qui soient éthiques. Il ne s’agit pas simplement de dire : " Vous n’êtes pas hospitalisé parce qu’on ne veut plus hospitaliser autant ", ce serait absurde. C’est bien sûr l’intérêt du patient qui est prioritaire, sa sécurité et son intérêt à lui", énonce-t-il.

Le souhait réside donc dans le développement de prises en charge alternatives et dans la diversification de l’offre de soins, "parce que ce serait finalement assez cohérent par rapport à la diversification des pathologies qui se présentent". Stéphane Bage avance ainsi l’exemple de la prise en charge, voire du suivi, à domicile par des équipes mobiles.

Il s’agit d’ailleurs d’un "projet ministériel qui s’inscrit déjà dans cette logique de sortir d’un certain hospitalo-centrisme et de permettre par des hospitalisations rapides de "couper court" à la crise, […] d’apaiser, de prendre en charge, d’instaurer un traitement très rapidement et de rapidement réorienter le patient dans le réseau de soins de santé mentale". Pour éviter ainsi une certaine forme de désocialisation, comme l’indique le psychiatre.

S’il est de plus en plus difficile d’avoir un rendez-vous chez un psychiatre ou chez un psychologue, "il faut alors parfois faire intervenir des équipes mobiles à domicile en faisant alliance avec le médecin traitant, avec la famille bien sûr, l’entourage et la famille".

Et dans le cas où un patient "a des idées suicidaires, que ça ne va vraiment pas, qu’elle lutte tous les jours pour ne pas sauter du balcon, bien sûr je lui dirais d’aller par exemple aux urgences, si c’est vraiment urgent", ajoute Stéphane Bage.

Une ligne d’appels, la hotline, a également été développée, accessible à tous les professionnels de la santé. "Je dirais donc à cette dame ou à ce monsieur de s’adresser à son médecin traitant, en première ligne, qu’il contacte son psychologue et qu’il contacte via la hotline le service. Et nous, si on est prévenu, on peut un minimum ventiler pour accueillir les demandes", conclut le psychiatre.

Ligne prévention suicide en Belgique

Partagez votre douleur et votre souffrance avec les bénévoles du centre de prévention suicide. Ils sont joignables 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 au 0800/32.123. Les appels sont gratuits et l’anonymat est respecté. Pour une consultation psychologique liée à un deuil après un suicide, contactez le 0491/37.06.72.

Sur le même sujet : extrait du JT du 02/03/2023

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