Gymnastique

De #MeToo à la santé mentale, Simone Biles, porteuse de combats

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Par Mathilde Mazy

Les athlètes de haut niveau utilisent parfois leur place pour être les messagers de sujets qui touchent l’ensemble de la société, au-delà des vestiaires ou des compétitions. Élue athlète de l’année par le Time Magazine, la gymnaste américaine Simone Biles a fait de l’année 2021 une année durant laquelle les problèmes d’agressions sexuelles et de santé mentale ne sont plus une honte ou une peur dans le monde très exigeant des sportifs professionnels.

« Ça suffit. Je suis assez. »

Aux Jeux Olympiques de Tokyo, alors qu’elle était attendue comme la meilleure gymnaste de tous les temps et qu’on lui attribuait déjà le mérite d’un bon nombre de médailles avant même que la compétition ne commence, Simone Biles a déclaré ne pas poursuivre les épreuves pour préserver sa santé mentale. "Mon esprit et mon corps n’étaient pas synchronisés, ça pouvait être dangereux" a-t-elle déclaré. Sa coéquipière, Susan Lee, s’est exprimée sur sa décision : "Ce que Simone a fait a changé notre façon de voir notre bien-être à 100%. Cela nous a montré que nous sommes plus que le sport, que nous sommes des êtres humains qui peuvent aussi avoir des journées difficiles. Cela nous a vraiment humanisés."

Simone Biles a revendiqué une autorité à la fois sur son corps et sur son esprit. En agissant de la sorte, la gymnaste donne l’assurance qu’on peut briller dans le sport de haut niveau tout en s’écoutant et en acceptant de ne pas être parfaite. Biles a clairement indiqué l’importance de se donner la priorité et de refuser de succomber aux attentes extérieures. Avec les yeux du monde sur elle, elle a eu le courage de s’exprimer : "Ça suffit. Je suis assez."

Ainsi, quand Biles prend des mesures visibles pour protéger sa propre santé mentale et physique, pour indiquer que cela vaut la peine d’être protégé, cette action a un pouvoir spécial.

« L’inaction équivaut à la complicité »

La gymnaste américaine n’a pas fait de la santé mentale sa seule bataille. Un mois après les J.O. de Tokyo, elle s’est portée ambassadrice des plaintes contre l’ancien médecin de l’équipe féminine américaine Larry Nassar, agresseur sexuel de plusieurs dizaines d’athlètes aux États-Unis. Le 15 septembre dernier, Simone Biles prenait la parole devant le Congrès américain et utilisait sa place pour témoigner des échecs des institutions face à la situation.

En prenant la parole, Simone a appelé à des actions collectives, à une implication beaucoup plus importante des institutions : "C’est le moment pour nous de reconnaître un problème répandu et d’agir pour qu’aucun autre athlète n’ait à vivre ce que j’ai connu. […] J’espère, en tant que survivant de Larry Nassar, que nous profitons de ce moment pour faire tout notre possible afin de mettre en place des protocoles de bon sens, pour protéger les athlètes et prévenir les dommages. L’inaction équivaut à la complicité. Chaque enfant, sportif ou non, a le droit d’être en sécurité. Et chaque survivant a le droit d’être cru. À tous les survivants et victimes : sachez que vous n’êtes pas seuls dans ce voyage. Je vous crois, et il y a une armée de survivants à vos côtés."

Dans une optique où le sacrifice rapporte bien plus qu’il ne coûte, l’audace et l’aplomb de Simone Biles en révélant sa vérité et en prenant en charge son destin, a permis aux athlètes et aux non-athlètes de s’exprimer plus ouvertement, peut-être un peu plus facilement, des difficultés qu’ils avaient autrefois gardés pour eux.

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