Si elle est née et a grandi à Kinshasa, Teza a étudié en Belgique entre 2001 et 2008. Passée par Saint-Louis à Bruxelles, elle complète sa formation à l’actuelle Louvain Management School de Louvain-la-Neuve dont elle sort diplômée avec grande distinction. Mais alors que certains amis dans sa situation décident de rester vivre en Belgique, elle fait le choix, décidé depuis longtemps, de rentrer au Congo.
"Ma motivation première était de me dire que tout ce que j’ai appris, que ce soit ici au Congo ou en Belgique, il fallait revenir mettre ça à profit de mon pays, des autres Congolais, nous confie Teza. On a beau critiquer le système, qu’il soit privé ou public, si on n’agit pas directement dans ce système, il n’y aura aucun changement. Donc ma décision était prise dès le départ de mettre à contribution mon petit savoir-faire, mon éducation, pour le pays, mes collègues et condisciples congolais".
Préjugés et problèmes d’infrastructure
Cela fait 13 ans que Teza est revenue au pays. Dans un premier temps, elle se heurte à quelques difficultés dont l’attitude des Congolais restés au pays face à ceux qui ont étudié à l’étranger.
"Ces préjugés n’ont pas permis une bonne collaboration dès le départ, explique la femme d’affaires, c’était peut-être plus facile avec ceux qui, comme moi, revenaient de l’étranger. Avec les autres, il y a ces petites appréhensions qui font qu’on doit montrer qu’on ne sait pas tout et qu’on veut apprendre aussi de ceux qui étaient ici et qui ont fait plus d’années ici que nous".
Autre défi : se réhabituer aux infrastructures parfois bancales du Congo. "Les infrastructures routières, médicales, tout ce qui est basique en fait, précise Teza. L’électricité, l’accès à l’eau, ça peut sembler de petits challenges, mais ce sont de grands challenges quand on revient d’un pays où ces problèmes sont réglés depuis des années et on se retrouve à devoir s’organiser différemment pour faire face".
Plus motivée que jamais
Aujourd’hui, Teza n’a aucun regret, au contraire : elle est plus motivée que jamais. À côté de son cabinet de conseil, elle est très impliquée auprès des femmes et a lancé une boulangerie dans le village de son père dans la province du Kongo-Central.
"Il y a plus de cent femmes qui n’avaient pas de travail, qui dépendaient complètement de leur mari, qui aujourd’hui gagnent un salaire grâce à leur vente du pain que je produis. C’est extraordinaire d’entendre ces femmes dire 'vous nous avez aidées'. Et impacter une centaine de femmes en milieu rural via les activités que j’y fais, ce n’est pas comparable à quoi que ce soit que j’aie connu d’avant, même en Belgique", nous confie Teza.
Belgique et ouverture d’esprit
Toujours dans le quartier des affaires, nous nous rendons à l’ambassade de Belgique où se trouve également la chambre de commerce belgo-congolaise-luxembourgeoise. Sa déléguée, Nicette Ntoto, nous reçoit dans le petit salon aménagé dans son vaste bureau.