Pause ou pas pause dans la législation européenne au sujet de l’environnement ? Le Premier ministre y est favorable. Réaction outrée des socialistes et des écologistes qui remettent durement Alexander De Croo à sa place. La Vivaldi est en mode mort-vivant.
Désindustrialisation
Avant d’évoquer les conséquences politiques de cette déclaration, il faut d’abord prendre la mesure du problème de fond. Pourquoi Alexander De Croo demande-t-il cette pause après la N-VA et après Macron ? Il y a des raisons électorales dont on va parler, mais il y a aussi une réalité économique. De plus en plus d’industriels en Europe sont en train de partir aux Etats-Unis. Joe Biden a décidé d’un plan massif de soutien aux investissements, l’inflation reduction act, c’est un vrai choc compétitif. Le message de nombreux industriels européens aux politiques qui veulent bien les écouter est : si vous voulez qu’on reste, laissez-nous tranquille avec la nature, on a déjà assez de contraintes comme ça avec le climat. Alexander De Croo relaie donc cet appel.
En campagne
Il y a donc une raison de fond, mais beaucoup ont conclu que le Premier ministre est entré en campagne et n’est plus Premier ministre. Il est assez net qu’il a franchi un cap, qu’il s’est montré leader du VLD et provoqué les verts avec ses déclarations. Or, la relation avec les verts était plutôt bonne, le couple Nollet/De Croo était une cheville assez solide de la Vivaldi. Pourquoi faire ça à un an des élections ?
Outre le risque de désindustrialisation, l’explication électorale nous vient des Pays-Bas et de la victoire surprise du parti des fermiers aux élections suite à la législation sur l’Azote. Une victoire qui va bien au-delà du vote des fermiers et qui témoigne dans une partie de la population d’un ras-le-bol des contraintes environnementales. Le CD&V s’y est déjà engouffré en Flandre, la N-VA aussi, la VLD suit donc.
On pourrait donc avoir une campagne marquée par le clivage environnement/économie, monde d’après/monde d’avant, écologie punitive/écologie incitative, évolution/conservation, chaque parti va habiller ça différemment. Cette fracture va se faire contre les verts, le MR a déjà commencé depuis longtemps côté francophone, la N-VA et le CD&V côté flamand, le VLD, en grande difficulté dans les sondages, semble choisir aussi ce clivage.
Pour les verts ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Je ne dirais pas qu’ils ont sabré le champagne mais presque. Depuis le début de la législature ils n’ont que des vents contraires, ici ils retrouvent l’occasion d’exister, de justifier leur célèbre slogan : on ne fait pas d’écologie sans les écologistes. Ce clivage pour eux est existentiel et le Premier ministre vient de le remettre à l’avant-plan.
Et la Vivaldi ?
En attendant les verts sont fâchés et remettent en cause le Premier ministre. Le gouvernement peut-il tenir ? Oui, comme un mort vivant, la Vivaldi peut tenir longtemps. On se dirige sans doute vers une longue quatrième saison, une saison Walking Dead.
Et ce n’est pas la déclaration d’Alexander De Croo qui a provoqué cette situation. Elle est plutôt un symptôme qu’une cause de la zombification de la Vivaldi. Ce n’est pas une cause car sur ce sujet de la législation européenne biodiversité, la Belgique va de toute façon s’abstenir. Il faut l’accord des régions et la Flandre s’y opposait déjà.
Surtout, Alexander De Croo entérine ce qu’on sait : les présidents de tous les partis de la Vivaldi étaient déjà en campagne. Le VLD était en retard. Il sait Alexander De Croo qu’il ne doit plus espérer grand-chose de son gouvernement pour les prochains mois. Les libéraux plombent la réforme fiscale, les socialistes bloquent la réforme des pensions et du travail, personne ne veut d’une réforme de l’Etat et au niveau budget les balises sont mises. Reste le nucléaire, où se fâcher avec les verts pourrait être fâcheux. Mais ce sujet-là dépend plus d’Engie que des verts, qui ont déjà fait leur chemin.
J’espère que vous aimez les films de zombie, la nuit des morts vivants va durer un an. A moins bien sûr que quelqu’un mette fin au spectacle.