Cinéma

"David Lynch – Origins" : à la source d’un cinéaste mystérieux

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Ses productions cinématographiques, d'"Elephant Man" à "Twin Peaks", de "Blue Velvet" à "Mulholland Drive", sont connues et admirés des cinéphiles du monde. Mais David Lynch a-t-il toujours été David Lynch ? Qui est cet homme dont l’œuvre n’a de cesse d’être imité mais n’a pas d’égal ? Devant un artiste aussi complexe et singulier, les réponses à ces questions ne sauraient être simples.

Quelques pistes pour élucider son mystère se trouvent peut-être dans le nouveau coffret Blu-ray édité par Potemkine Films, "David Lynch - Origins", qui remonte à la source pour saisir son art, c’est-à-dire dans son enfance et dans ses premières créations cinématographiques. Les multiples courts-métrages réalisés par le cinéaste entre 1966 et 1995 sont notamment rassemblés. Le goût de Lynch pour les images cauchemardesques y est déjà fort apparent, tout comme ses inclinations esthétiques. Réalisé lors de sa deuxième année d’étude d’arts, "Six Figures Getting Sick (Six Times)" de David Lynch est un court-métrage d’animation aussi expérimental que mystérieux. On peut également souligner la présence de "The Grandmother", réalisé en 1970 qui met en scène un jeune garçon tyrannisé par ses parents, et qui grâce à une graine parvient à faire pousser… une grand-mère.

Eraserhead (1977).
Eraserhead (1977). © Tous droits réservés

L’obsession du cinéaste pour l’horreur corporel et l’anxiété familiale donnera naissance quelques années plus tard à "Eraserhead", son tout premier long-métrage, également présent dans le coffret. Le succès inattendu du film fit de lui une sensation dans la contre-culture. Difficile d’écrire quoi que ce soit qui n’ait déjà écrit sur son imagerie fantasmatique et sa bande-son angoissante. C’est une pierre angulaire dans la filmographie de Lynch, dans laquelle se devine l’artiste qu’il deviendra.

"David Lynch : The Art Life" est le seul film à ne pas avoir été réalisé par le cinéaste. Mais il est, comme son titre le suggère, tout entier consacré à David Lynch, explorant à la fois sa biographie et son processus créatif. Signé Jon Nguyen, ce documentaire nous dévoile l’artiste dans son quotidien (plutôt jovial !), et jette une lumière inédite sur son enfance, plus particulièrement comment celle-ci a nourri certaines de ses créations, comme "Blue Velvet". Le réalisateur n’en reste pas moins mystérieux et élusif : racontant une anecdote anodine de sa jeunesse, il s’interrompt, refusant de lui donner suite, pour des raisons qu’il ne précisera pas. La scène est aussi frustrante que puissante, laissant la liberté à nos esprits d’imaginer les pires horreurs dans son silence. Lynch n’est peut-être pas un mystère qui peut être percé, mais tenter de le saisir est une expérience des plus enrichissante.

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